Un mélo gluant sur un rescapé de l’attentat du marathon de Boston, signé par un cinéaste au début de carrière pourtant passionnant.
Etrange carrière, décidément, que celle de David Gordon Green. Débutée sous les auspices du southern gothic, dont on peut considérer qu’il en a (re)lancé la vague au début des années 2000 (avec les sublimes George Washington, All the Real Girls et L’Autre Rive), poursuivie cahin-caha sous la protection de la bande à Apatow (les remarquables Délire Express et Prince of Texas d’un côté, les hideux Votre majesté et Baby-sitter malgré lui de l’autre), déviée vers d’inégales séries HBO (Kenny Powers, Vice Principals), relancée ou enfoncée par d’étranges projets construits autour de stars en quête d’auteur (le décevant Joe avec Nicolas Cage, le nullissime Manglehorn avec Al Pacino, ou le joli Que le meilleur gagne avec Sandra Bullock), cette carrière touche aujourd’hui le fond de la piscine – en espérant qu’il n’y ait rien en dessous.
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Inspiré d’une histoire vraie, Stronger détaille la reconstruction physique et psychologique d’un rescapé du double attentat du marathon de Boston en 2013 (Jake Gyllenhaal, dans sa veine rageuse, la moins intéressante). Pâteux, gluant, niais, le film semble réalisé machinalement par un cinéaste soucieux d’ajouter sa pierre au genre “post-trauma”, qui sévit actuellement à Hollywood. A l’inverse des très beaux Un jour dans la vie de Billy Lynn (Ang Lee, 2016) et La Dernière Tournée (Richard Linklater, 2017), Stronger pourrait être la version cinématographique d’un de ces posters où les citations approximatives de philosophes (au hasard : “Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort”) s’écrivent par-dessus un soleil couchant.
Stronger de David Gordon Green (E.-U., 2017, 1 h 59)
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