Un mafia movie qui se vautre dans le pastiche scorsésien et offre à Johnny Depp une enième composition de bouffon transformiste.
American Bluff il y a deux ans, Strictly Criminal aujourd’hui : la saison des oscars est propice aux bouffonnades proto-scorsésiennes. Le film de David O. Russell avait au moins pour lui son humour et la conscience de n’être qu’un brillant produit de contrebande. Le mafia movie de Scott Cooper (auteur du boursouflé Brasiers de la colère), est, lui, tout à fait dépourvu de recul, et incapable de carburer à autre chose qu’à l’épate.
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Johnny Depp, en mal de reconnaissance après l’échec de ses derniers films, y incarne Whitey Bulger, plus grand truand de Boston dans les seventies, au moment où celui-ci accepta de nouer un pacte avec son ami d’enfance, John Connolly, devenu agent du FBI (Joel Edgerton), afin de redessiner la carte du crime de la plus irlandaise des villes américaines.
Rien de neuf à se mettre sous la dent
Réversibilité des flics et des bandits, fascination pour la noirceur de l’âme et tragédie inévitable : rien de neuf à se mettre sous la dent. Ce n’est cependant pas ce qui cloche ici – on pourrait citer cohorte de bons films sans un gramme d’originalité.
Le problème vient davantage de l’interprétation que de la partition. Grimé comme pour Halloween, Depp offre ici une caricature de son art transformiste, à dix mille lieues de son autre interprétation d’un malfrat, pour le coup géniale, dans Public Enemies de Michael Mann.
Exercice macabre
Défilé de “gueules” tantôt figées par le maquillage, tantôt déformées par les outrances du jeu Actors Studio – outre les deux déjà cités, Kevin Bacon, Benedict Cumberbatch ou Jesse Plemons se prêtent à cet exercice macabre –, Strictly Criminal est le parfait archétype de cinéma Grévin : un petit cirque de cire tout ce qu’il y a de plus kitsch, enrobé dans une mise en scène platement illustrative.
Strictly Criminal de Scott Cooper (E.-U., G.-B., 2015, 2 h 02)
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