Le réalisateur a fait savoir à l’Académie des oscars qu’il ne voulait plus qu’un film Netflix ne soit nommé. Cette croisade de Spielberg contre le géant de streaming a suscité les plus vives réactions, y compris de Netflix.
Après les remous entre Cannes et Netflix, c’est maintenant au tour de l’Académie des oscars, et l’un de ses plus hauts représentants, de créer la polémique. Suite au succès du Roma d’Alfonso Cuaron aux derniers oscars (trois prix dont meilleur réalisateur), le réalisateur Steven Spielberg, délégué principal des réalisateurs auprès de l’Académie, s’est insurgé contre Netflix pour une raison toute simple : les films diffusés en streaming et destinés à la télévision ne doivent pas atterrir aux oscars.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Selon Indie Wire, Spielberg reproche ainsi à Netflix de ne pas faire passer leur production par le biais d’une distribution classique, et donc d’imposer une concurrence déloyale. Le magazine Deadline affirme que le réalisateur est prêt à faire voter des règles d’éligibilité au sein de l’Académie, affirmant l’idée selon laquelle les créations télévisées (ou diffuser à la télévision) sont destinées aux Emmy Awards et aux Golden Globes, qui récompensent également les téléfilms.
https://www.youtube.com/watch?v=fp_i7cnOgbQ
Sur Twitter, Netflix lui répond
La stratégie de Netflix sur le sol américain est assez complexe. Dans le cas de Roma, et comme l’affirme Variety, le géant du streaming a autorisé une sortie régulée de trois semaines dans plusieurs salles américaines avant de le rendre disponible à ses abonnés, et de le retirer des écrans. Cela devait également être le cas pour Martin Scorsese, qui de son côté chercherait à pousser Netflix à sortir en salles The Irishman, son prochain film, pour une durée de trois mois, soit le temps obligatoire d’une distribution en salles pour un film aux Etats-Unis. Sans nul doute que Steven Spielberg, par ses déclarations, cherche à « secourir » son ami Martin Scorsese.
Mais Netflix ne l’entend pas de cette oreille et a répondu, sans le nommer, au réalisateur via un tweet qui laisse songeur : « Nous aimons le cinéma, ainsi que d’autres choses : un accès pour les gens qui ne peuvent pas toujours se l’offrir, ou qui vivent dans des villes sans salle de cinéma ; laisser chacun, n’importe où, profiter d’une sortie au même moment ; donner aux créateurs de films de nouvelles possibilités de partager leur art. » Ironie du sort, Netflix France vient de mettre à disposition la trilogie Jurassic Park, réalisée en partie par Steven Spielberg.
We love cinema. Here are some things we also love:
-Access for people who can't always afford, or live in towns without, theaters
-Letting everyone, everywhere enjoy releases at the same time
-Giving filmmakers more ways to share artThese things are not mutually exclusive.
— Netflix Tudum (@NetflixTudum) March 4, 2019
Plusieurs réactions d’artistes
Comme l’explique très bien Indie Wire, voici quelques paramètres et règles transgressées par Netflix pour présenter Roma aux oscars : Roma est disponible 24h24 7j/7 depuis plusieurs mois et pour encore longtemps ; Netflix ne respecte pas la fenêtre de 90 jours de distribution en salles, Netflix n’est pas mentionné au box-office et Roma a fait l’objet d’une campagne pré-oscar très coûteuse (25 millions de dollars, contre 5 millions pour Green Book). En France, un film Netflix n’a encore jamais vu le jour en salles si ce n’est lors d’événements privés.
Le débat fait rage aux Etats-Unis depuis. De nombreux artistes se sont mêlés à la discussion, parmi lesquels les frères Safdie qui ont déclaré « que la dure réalité est qu’en moyenne 80% des spectateurs font l’expérience d’un film en vidéo… Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger cette expérience collective, inspirante, humaine et rassurante de la salle de cinéma. » Sean Baker, le réalisateur de The Florida Project, s’est aussi exprimé tout en cherchant un compromis entre la salle et la plateforme : « Ne serait-il pas formidable que Netflix offre un ‘niveau théâtral’ à ses plans tarifaires ? Pour une modique somme, les membres de Netflix pouvaient voir des films Netflix dans les salles gratuitement. Je sais que je dépenserais 2 dollars de plus par mois pour voir des films comme Roma ou Buster Scruggs sur grand écran. »
The harsh reality is that on average 80% every movie’s life audience experiences it on video… doesn’t mean we shouldn’t do everything we can to protect the awe inspiring, human-assuring, peace-inducing, collective experience of theatrical film watching.
— SAFDIE (@JOSH_BENNY) March 2, 2019
https://twitter.com/Lilfilm/status/1102014978398203904
{"type":"Banniere-Basse"}