Avec cette quête amoureuse rythmée par une BO efficace, Sylvie Verheyde donne une suite irrésistible à son “Stella” de 2008.
Plus de dix ans après Stella, qui suivait l’enfance d’une jeune fille à la fin des années 1970, le nouveau film de Sylvie Verheyde reprend le destin de son personnage durant l’année du bac, désormais incarné par la magnétique Flavie Delangle (en photo, aperçue dans Skam). Contrairement à ses ami·es, Stella se fiche de l’obtention du diplôme et ne pense qu’à une chose : retourner danser aux Bains Douches afin de revoir André, beau dandy qui danse comme un dieu et dont elle est tombée amoureuse au premier regard.
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Si le film dépeint aussi la situation complexe de la cellule familiale de l’adolescente (Benjamin Biolay reprend le rôle du père, tandis que Marina Foïs incarne désormais la mère), ainsi que le fossé de classe sociale avec sa bande d’ami·es issu·es d’un milieu plus bourgeois, Stella est amoureuse est entièrement voué à filmer l’unique désir de son personnage principal : danser pour retrouver le garçon qu’elle aime.
Le désir comme une force libératrice
Grâce à l’épure extrême de son argument scénaristique, le film décrit avec autant de fougue que de justesse l’obstination du sentiment amoureux et l’aveuglement délicieux qui l’accompagne. Il atteint ses plus hauts sommets au cœur de longs tableaux de danse (grâce à une BO redoutable où se croisent Indeep, New Order, Christophe, Tom Tom Club). Avec beaucoup d’intelligence, la cinéaste évite tous les poncifs du film sur la fête (addiction à l’alcool et aux drogues) pour ne garder que la vitalité du sentiment de son héroïne et l’irrésistible ivresse que procure la vie nocturne. Et si le film parle d’amour, c’est pour mieux raconter l’émancipation de Stella qui, bien qu’amoureuse, n’en perd pas totalement sa lucidité ni son indépendance.
De cette trajectoire surgit une ambition pas si commune au cinéma, et encore moins lorsqu’il est raconté du point de vue d’une femme : montrer le désir comme une force libératrice et non comme une cage autodestructrice vivant aux dépens du regard masculin.
Stella est amoureuse de Sylvie Verheyde, avec Flavie Delangle, Marina Foïs, Benjamin Biolay (Fr., 2022, 1 h 50). En salle le 14 décembre.
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