Ce nouveau volet des aventures de l’homme-araignée se perd dans un concept pseudo-révolutionnaire qui annule tout enjeu et émotion.
À la fin de Spider-Man: Far From Home, sorti à l’été 2019, l’identité secrète du super-héros était révélée au monde entier par le vilain Mystério. Ce troisième volet des aventures de l’homme-araignée sous l’égide du MCU – et sous les traits de Tom Holland – démarre donc sur les chapeaux de roues pour le jeune Peter Parker, qui devient soudainement “l’homme le plus connu au monde”.
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Et si on a beau lui répéter qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, le lycéen, qui file le grand amour avec MJ (Zendaya), semble incapable d’assumer celles-ci. Une petite visite chez tonton Docteur Strange (Benedict Cumberbatch), le “maître des arts mystiques”, pourrait arranger les choses, ce dernier ayant la capacité de lancer un sort d’amnésie générale, afin que le monde oublie qui est Spider-Man.
Sauf que voilà, jouer avec les dimensions comporte des risques, et le sort finit par altérer la stabilité de l’espace-temps, faisant surgir de dimensions parallèles des vilains bien connus, du moins des spectateur·ices.
Trop de Spider-Man…
Comme promis par une campagne promotionnelle assourdissante, qui a fait grand cas de son concept “révolutionnaire”, les trois sagas successives de Spider-Man (celle, inégalée, de Sam Raimi, le reboot oubliable avec Andrew Garfield et la trilogie en cours signée Jon Watts) sont réunies dans un film de famille, où tous les grands méchants des précédents épisodes se bousculent au portillon.
À la faveur de ce dérèglement multidimensionnel, le film propose donc une formule maxi best-of de tous les films Spider-Man sortis en 20 ans (8 au compteur), et le résultat est pour le moins indigeste.
En plus d’émuler péniblement le concept retors du très réussi Spider-Man: New Generation (film d’animation dans lequel des Spider-Man issus de dimensions parallèles cohabitaient dans un même monde), No Way Home n’en fait qu’une vulgaire parodie. Chaque apparition d’un vilain iconique (de Docteur Octopus, sous les traits d’Alfred Molina, au Bouffon vert campé par Willem Dafoe) occasionne son lot de gags balourds et de vannes métas, lourdement adressés aux fans à coups de d’œillades conniventes, apparentant parfois (souvent) le film à un sketch onaniste et autocentré, entièrement inféodé à son propre culte.
…et peu d’émotion
Mais plus encore, c’est la marotte marvelienne pour les manipulations temporelles et transdimensionnelles, autorisant tous les twists possibles et imaginables (d’amnésies générales en résurrections opportunes), qui prive le film de tout enjeu.
Si tout est possible – dans un monde où la moitié de la population planétaire peut être exécutée en un claquement de doigts avant d’être magiquement ressuscitée –, alors aucune aberration scénaristique n’est proscrite. Et lorsque survient, au mitan du film, un événement tragique (entre trois vannes et deux clins d’œil appuyés), l’émotion peine à advenir, puisque tout semble être réversible.
Très paresseux visuellement, défiant le bon sens par moments, Spider-Man: No Way Home ressemble à une histoire, compréhensible uniquement par lui, qu’un enfant se raconterait en sortant de sa malle des jouets issus de franchises différentes, en dépit de toute cohérence. Et pas impossible que votre neveu de 8 ans fan de Marvel en raconte de meilleures.
Spider-Man: No Way Home de Jon Watts en salle le 15 décembre
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