Alors que “Spider-Man : Far from home” sort en salles le 3 juillet, retour sur la carrière cinématographique de l’homme-araignée sous la forme d’un classement.
En 17 ans, Spider-man aura eu le droit à huit films, deux reboots et trois acteurs différents. A l’occasion de la sortie mercredi 3 juillet de Spider-Man : Far from home, et pour remettre un peu d’ordre dans cette pagaille arachnéenne, nous avons constitué le classement (parfaitement subjectif) des films qui lui sont consacrés, du pire au meilleur.
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8/ The Amazing Spider-Man : Le Destin d’un héros (2014) de Marc Webb
Deuxième opus réalisé par Marc Webb, The Amazing Spider-Man : Le Destin d’un héros est plus laborieux encore que son prédécesseur. Si l’interprétation d’Andrew Garfiled sauve les meubles, le film fait pâle figure en comparaison à la suite qu’avait donné Sam Raimi à son premier film dix ans plus tôt. Avec son super-vilain fadasse (incarné par Jamie Foxx), ses dialogues parfois terriblement caricaturaux, et ses scènes d’action assommantes, péniblement filmées par Marc Webb, plus à l’aise dans le registre de la comédie sentimentale, Le Destin d’un héros peine à renouveler l’intérêt pour l’homme-araignée au cinéma. Echec au box-office, le film fera même revoir ses plans à Sony. On connaît la suite.
7/ The Amazing Spider-Man (2012) de Marc Webb
A peine 10 ans après la trilogie initiée par Sam Raimi, Spider-Man a le droit à un reboot. Exit Tobey Maguire, c’est Andrew Garfield qui incarne désormais Peter Parker. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est difficile de passer après Sam Raimi, et ce Amazing Spider-Man ne tient pas la comparaison. En refilmant mollement l’origin story de l’homme-araignée, Marc Webb se contente de dérouler un récit balisé, auquel il ajoute une dose de comédie sentimentale teenage. Si Andrew Garfield et Emma Stone s’en sortent honorablement, le film, lui, semble n’avoir rien à raconter d’autre que son histoire resucée, et se contente de suivre à la lettre son cahier des charges amidonné. L’homme-araignée a raté sa mue.
6/ Spider-Man 3 (2007) de Sam Raimi
L’épisode de trop pour Sam Raimi ? Après deux films magistraux, le cinéaste peine à donner un nouveau souffle à son héros fatigué. En négociant un virage plus sombre, voulant que Peter Parker, qui tente de trouver un équilibre dans sa vie sentimentale et personnelle, se retrouve confronté au côté obscur de son héroïsme, le film perd de son allant. Plus sombre, plus amer, mais moins prenant : Spider-Man manque son passage à l’âge adulte. Comme si le personnage, sorte de Peter Pan super-héroïque, était condamné à la jeunesse éternelle, s’adaptant mal au ton préoccupé ayant présidé à cet épisode conclusif de la trilogie de Sam Raimi. Un final mineur qui ne fera néanmoins pas oublier ses épisodes précédents, deux des meilleurs films de super-héros jamais réalisés.
5/ Spider-Man : Homecoming (2017) de Jon Watts
Après d’interminables tractations et des deals impossibles, Marvel et Sony s’entendent finalement pour développer la phase 3 du Spider-verse au cinéma, celle qui acte le ralliement de l’homme-araignée au MCU, qui l’attendait de pied ferme. Résultat, la reboot tout sauf « amazing » initié par Marc Webb en 2012 n’aura survécu que deux épisodes, et c’est encore un nouveau Spider-Man qui tissera sa toile sur grand écran. Si la situation est tout bonnement ubuesque (trois interprètes différents et deux reboots en l’espace de 15 ans), le spectateur y gagne finalement au change : après deux Amazing Spider-Man fadasses, le super-héros retrouve de sa superbe sous les traits du jeune Tom Holland. En renouant avec l’origine prolétaire de l’homme-araignée, celui qui porte secours à la veuve et l’orphelin dans les rues aux bouches d’égouts fumantes de la Grosse Pomme, Homecoming touche juste et refait de son personnage le « super-héros de proximité » (les mots sont de Tony Stark) qu’on attendait plus. Teen comedy nerveuse, nous dispensant – et c’est heureux – d’une énième origin story, Homecoming constitue l’un des meilleurs crus du MCU, et redonne des couleurs à un super-héros qui en avait besoin.
4/ Spider-Man : Far From Home (2019) de Jon Watts
En salles mercredi prochain, Spider-Man : Far From Home poursuit l’orientation prise par Homecoming, en lorgnant toujours plus vers la teen comedy. Conclusion à la phase 3 du MCU, le film commence par désamorcer assez habilement, et avec beaucoup d’humour, les événements tragiques survenus dans Avengers : Endgame, auquel il fait directement suite. Après quoi, on embarque dans un road-trip à travers l’Europe, où Peter et ses camarades sont en voyage scolaire. Si Jon Watts n’est pas un grand cinéaste, en témoignent ses scènes d’action très communes, il parvient néanmoins à instiller à son film un charme adolescent vaporeux, parfaitement figuré par la romance, longtemps contrariée, entre Peter et MJ, respectivement incarnés par Tom Holland et Zendaya Coleman. En plus de quoi, le film s’autorise un sous-texte méta assez fascinant, où sont rejoués souterrainement les enjeux de sa propre fabrication. Film sur l’illusion et la manipulation du réel, et donc le cinéma, Far From Home conclue de bien belle manière 10 ans de Marvel Cinematic Universe. En attendant la suite.
3/ Spider-Man : New Generation de Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman
L’une des meilleures adaptations de Spider-Man sur grand écran date de l’an dernier. Surprise éclatante, Spider-Man New Generation, film d’animation joyeusement post-moderne, est bâti sur une très belle idée : pour toucher le plus justement au mythe Spider-Man, ses trois réalisateurs démultiplient le personnage en six incarnations azimutées. Suite à une faille spatio-temporelle, et à la collision d’univers parallèles, ce sont 6 versions alternatives de l’homme-araignée qui vont se rencontrer ; parmi lesquelles Peter Parker évidemment, mais aussi Miles Morales, un adolescent afro-américain vivant à Brooklyn, lui aussi mordu par une araignée radioactive, Peni Parker, une version de Spider-Man tout droit venue d’un dessin animé japonais ou encore l’illustre Spider-Cochon, alter-ego cartoonesque du super-héros. Œuvre kaléidoscopique fascinante et méta-film retors, Spider-Man : New Generation bénéficie d’une animation sublime et d’un humour ravageur qui le hissent sans conteste à la troisième place de notre classement.
2/ Spider-Man (2002) de Sam Raimi
Bien sûr, il y avait eu les Superman avec Christopher Reeve, les deux Batman de Tim Burton, et ceux – autrement moins convaincants – de Joel Schumacher, mais ni Christopher Nolan ni le MCU n’étaient encore passés par là, et le film de super-héros en était encore à son stade embryonnaire. En signant la première adaptation sur grand écran de l’homme-araignée, Sam Raimi a posé les bases du film de super-héros du XXIe siècle, et donné vie à l’un de ses étendards les plus flamboyants. Origin story retorse, ce premier Spider-Man permet au cinéaste de creuser un sous-texte malin : la découverte de ses pouvoirs par Peter Parker – geek prototypique et lycéen un brin loser – y est figurée comme une métaphore de la puberté, et des mutations corporelles monstrueuses qui interviennent à l’adolescence. Des pattes d’araignées, semblables à des poils pubiens, qui lui poussent mystérieusement sur la paume des mains, aux toiles gluantes et blanchâtres que ses poignées éjaculent soudainement, en passant par son corps frêle qui se muscle brusquement, la mutation de Peter Parker en Spider-Man a tout d’une crise de la puberté instantanée. Passée cette habile parabole, la première adaptation de Spider-Man au cinéma est une entrée en matière sidérante, qui ouvre une nouvelle ère du cinéma super-héroïque, et bénéficie d’un casting au poil : Tobey Maguire en Peter Parker, Kirsten Dunst en Mary Jane, Willem Dafoe en Bouffon Vert et James Franco en Harry Osborn.
1/ Spider-Man 2 (2004) de Sam Raimi
En plus d’être, selon nous, le plus beau film consacré à l’homme-araignée, le deuxième Spider-Man de Sam Raimi pourrait prétendre au titre de meilleur film de super-héros jamais réalisé. Quelques années avant que s’ouvre, sous l’égide du MCU, l’âge d’or des super-héros au cinéma – qui contaminerait, au tournant des années 2010, toute la production spectaculaire hollywoodienne – le réalisateur d’Evil Dead signait une œuvre référence, jamais égalée en 10 ans (et 23 films) de MCU. La belle idée de cette suite directe au film de 2002 est de longuement déposséder Spider-Man de ses superpouvoirs : passée la puberté, et la jeunesse vigoureuse, vient le temps de l’impuissance. Mais plutôt que de vivre cette mutation à rebours comme une tragédie, Peter Parker (toujours sous les traits Tobey Maguire) l’appréhende d’abord avec une forme de soulagement, voyant dans la perte abrupte de ses facultés extraordinaires, l’occasion de reprendre une vie normale, et de s’alléger des « grandes responsabilités » qu’impliquait son grand pouvoir. Une fois consommée, la découverte sidérante de ses pouvoirs fait inévitablement place à un sens aliénant des responsabilités, et le costume s’avère soudainement lourd à porter. Trop lourd ? Non, Peter finira évidemment par le revêtir, et ses pouvoirs referont surface au moment d’affronter le terrible Docteur Octopus, le vilain tentaculaire de cet opus. Mais Sam Raimi, tout en restant fidèle à l’esprit du personnage, s’autorise une sortie de route théorique passionnante, et écrit la plus belle page des aventures de Spider-Man sur grand écran.
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