Le film dépeint la lutte interne intéressante d’un homme contre des pulsions pédocriminelles mais nous laisse perplexe sur son dispositif.
Film sur la pédophilie accusé d’exploitation d’enfants sur le tournage par une enquête du journal allemand Der Spiegel, il y a tout dans Sparta pour susciter la crainte. Sur un sujet pourtant aussi délicat et complexe, le nouveau long-métrage d’Ulrich Seidl parvient à façonner une rigoureuse observation de ses personnages. Pour une fois, il ne surjoue pas une clinique distanciation post-hanekienne mais étudie patiemment son sujet. Ici le portrait d’un homme candide (Georg Friedrich) qui se bat entre une utopie (construire une figure paternelle auprès d’une bande de jeunes garçons et leur offrir un contrechamp précieux à la violence et à la masculinité toxique des véritables pères) et ses désirs proscrits (une attirance sexuelle pour un des enfants). Étrangement, le traitement punitif dédié à ces personnages qui a souvent fait la marque de fabrique du cinéma de l’Autrichien se dissipe, substitué par une empathie du regard voire d’une douceur. En colère mais ne tombant jamais dans l’écueil d’une misanthropie généralisée, le cinéaste brosse le portrait d’une nation malade et orpheline, devant se substituer de nouvelles figures paternelles.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Un regard qui ne condamne pas
Outre le dispositif de création du film qui interroge et questionne son spectateur, ne pouvant totalement s’abandonner à la fiction qui se déroule devant ses yeux (notamment une longue scène de douche où le personnage principal se lave nu entouré des enfants), la grande ambivalence du film tient dans la façon dont la caméra de Seidl regarde, sans condamner, la lutte interne du personnage contre son désir. Dans ces scènes résident à la fois le cœur émotionnel du film mais aussi la construction d’un long malaise. Seidl fait durer et prolonge longuement les moments dans lesquels un risque est possible, finissant par produire un suspens sur la potentialité d’un passage à l’acte (qui finalement ne surviendra jamais). Peut-être efficient en termes de dramaturgie, c’est un procédé dont le film aurait largement pu se passer.
{"type":"Banniere-Basse"}