Un faux film catastrophe qui ausculte les hommes d’une mine avec pudeur et empathie.
Après son premier long-métrage Chien de garde, particulièrement remarqué au Québec, la cinéaste franco-canadienne Sophie Dupuis poursuit dans Souterrain son étude des états intérieurs d’individus emplis de traumatisme, ici un peuple ouvrier essentiellement masculin travaillant dans une mine d’or située dans la région de l’Abitibi.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le film débute lorsqu’une violente explosion retentit sous terre. Les corps s’agitent et s’organisent pour mener une opération de sauvetage. Parmi l’équipage, un corps se fait remarquer. C’est Maxime, décidé coûte que coûte à ramener chacun de ses collègues et amis vivants, quitte à y laisser sa peau. Mais que cache ce dévouement aveugle : le courage indéfectible d’un professionnel ou bien l’entreprise d’un rachat ?
Du spectaculaire à l’intime
Souterrain est un récit à double fond, ne se révélant pas tout à fait ce qu’il s’annonçait être. Le film catastrophe en milieu minier que le prologue annonce est bientôt déplacé. Le film se rembobine, évacuant le spectaculaire et l’écriture du suspense au profit d’un portrait intime, sobre et élégant, d’une communauté rurale masculine. La particularité du film est de traiter ce monde ouvrier par le mélodrame plutôt que par une peinture sociale naturaliste, évitant de réduire ces personnages à de simple statuts de classe.
D’abord introduit comme une masse uniforme où règne le machisme ordinaire et la camaraderie virile, la caméra de Sophie Dupuis s’approche des êtres pour mieux les individualiser et, patiemment, en révéler toute la vulnérabilité. Chaque être semblant tenir en équilibre sur un fil, à deux pas du précipice, pouvant s’effondrer à tout moment entre les questionnements existentiels, les fautes morales qui resurgissent du passé et les chairs meurtries par la rudesse du métier.
Le récit se déroulant majoritairement au-dessus de la terre, le titre du film est ainsi plus symbolique que géographique : les espaces enfouis qu’il promet ne sont pas tant ceux de la mine mais les failles, regrets et douleurs qui s’enlisent dans les profondeurs de ces êtres.
{"type":"Banniere-Basse"}