Redford solde l’activisme d’extrême gauche seventies dans un thriller politique démago.
Quatre décennies après un attentat meurtrier pour lequel ils n’ont jamais été inculpés, une poignée d’anciens activistes d’extrême gauche, séparés par les années de clandestinité, sont soudain sortis de leur retraite par le FBI, après que l’un d’entre eux a parlé.
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Un jeune journaliste aux méthodes agressives – Shia LaBeouf, un peu grotesque avec ses fringues piquées aux Hommes du Président, suivez mon regard – devance les enquêteurs en suivant la piste d’un avocat respectable : le grand, le beau, l’intègre Robert Redford.
Sous surveillance reprend en quelque sorte les choses là où A bout de course les avait laissées, en 1988 ; mais le parallèle avec le chef-d’œuvre de Sidney Lumet s’arrête à la prémisse : faut-il faire payer des militants politiques pour une violence qui pouvait se justifier dans le contexte de l’époque, alors qu’ils ont radicalement changé aujourd’hui (cf. l’affaire Battisti) ?
Pour le reste, Redford réalise un film au mieux maladroit (la mécanique du thriller, très datée), au pire franchement antipathique, notamment dans son reniement à peu près complet des idéaux révolutionnaires, dont il fut pourtant l’un des plus ardents promoteurs à l’époque, avant de devenir le donneur de leçons en pantoufles qu’on connaît aujourd’hui (le consternant Lions et Agneaux).
Caricatural, ce retournement de valeurs opère néanmoins de façon discrète, dans les interstices d’un film qui voudrait ne froisser personne. Car Redford, au fond, se voit toujours en justicier fringant au-dessus de la meute, ambitionnant de solder les comptes et de passer le flambeau à une jeunesse qui, au secours, ne lui a rien demandé.
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