De la petite Vic de La Boum à l’éblouissante Clélia de La Fidélité, Sophie Marceau, devenue l’égérie d’Andrezj Zulawski, est l’archétype unique de « l’actrice populaire française ». Frédéric Bonnaud nous fait partager son point de vue sur une star resplendissante.
Sophie Marceau aura vieilli avec nous, elle est toujours là, unique survivante d’une génération Kleenex dont beaucoup d’actrices ont été passées par pertes et profits. En vingt ans, la petite Vic(toire) à la jolie frimousse de La Boum est devenue l’archétype unique de l’actrice populaire française , capable de faire vendre beaucoup de papier plus que de remplir les salles. Si tout le monde semble s’intéresser à Sophie Marceau, sa filmographie est remplie de bides cinglants et de navets totalement oubliés. Finalement, on ne se souvient que de La Boum, parce qu’on était en âge de danser sur Reality, et de Police parce que c’est son seul grand film à ce jour. Pourtant, Sophie a survécu, en accumulant les projets improbables ou en persistant à tourner dans les films de son Zulawski. Elle a même survécu à son suicide médiatique en direct un soir de Palmarès de Cannes.
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Personne d’autre qu’elle ne se serait si vite remis de ce total manque de professionnalisme doublé d’une propension à raconter un maximum de conneries en un minimum de temps. Le plus beau et le plus mystérieux est qu’elle retrouve dans La Fidélité son niveau de jeu de Police, comme si toutes les crétineries dans lesquelles elle s’est commise entre-temps n’étaient pas parvenues à l’atteindre, à abîmer une présence naturelle devant la caméra assez ahurissante, doublée d’une technique de plus en plus sûre, acquise Dieu seul sait où. Quoiqu’elle fasse, qu’elle joue dans le premier bon Zulawski (La Fidélité) ou dans n’importe quelle grosse daube en costumes, Marceau persiste à être intéressante, jamais figée, car toujours plus elle-même que les personnages ineptes qu’on lui procure. Et elle est sans doute la seule comédienne au monde à être parvenue à rester elle-même dans un produit aussi formaté que le dernier James Bond. Qui sortirait grandie d’une carrière aussi globalement désastreuse ? Une star, une vraie, la seule que nous ayons, poussée sur un tas de fumier et toujours plus resplendissante, Sophie Marceau.
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