Deux ans après la présentation de son premier film de fiction, Haut les c’urs !, où déjà le thème de la disparition rôdait, Sólveig Anspach revient à Cannes avec un documentaire sec et tranchant, tragique et sombre comme les couloirs de la mort, Made in the USA. Un retour au cinéma du réel, genre par […]
Deux ans après la présentation de son premier film de fiction, Haut les c’urs !, où déjà le thème de la disparition rôdait, Sólveig Anspach revient à Cannes avec un documentaire sec et tranchant, tragique et sombre comme les couloirs de la mort, Made in the USA. Un retour au cinéma du réel, genre par lequel elle s’initia à la réalisation, après son passage à la Fémis (avec entre autres, Que personne ne bouge !, déjà l’histoire d’un fait divers, des braqueuses dans le Sud de la France). « J’avais besoin de me raccrocher au réel après Haut les c’urs ! Une manière de m’oxygéner, de reprendre contact avec la réalité la plus crue. » Non que la fiction l’ait lassée elle en écrit une nouvelle , mais c’est l’affirmation d’un besoin d’alterner des projets différents qui tiennent d’un même souci et d’une même obsession : le cinéma. Avec Made in the USA, Sólveig Anspach le démontre magistralement : le regard réfléchi et engagé qu’elle porte sur un fait social la condamnation à mort d’Odell Barnes la rapproche plus du cinéma que du reportage télévisé. Par la durée, le rythme, le sens de l’écoute, l’attention portée à la parole des habitants de Huntsville, aux paysages texans déshumanisés qui les entourent et les reflètent.
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Coréalisé avec une journaliste américaine, Cindy Babski, spécialiste des enquêtes d’investigation, notamment pour le célèbre magazine News 60 minutes, sur CBS, son film est aussi l’histoire d’une amitié. Celle de deux anciennes étudiantes Cindy en histoire de l’art, Sólveig en philo colocataires d’un appartement parisien qui se retrouvent, des années plus tard, autour d’un désir partagé : raconter l’histoire de ce jeune Noir accusé sans preuve du meurtre et du viol d’une femme au fin fond du Texas.
Scandalisée à la lecture d’un article annonçant sa condamnation à mort, Sólveig Anspach se décide aussitôt à en faire un film et propose à son amie américaine de l’accompagner dans ce projet. Les deux copines font alors front commun, l’une se concentrant sur les faits et l’enquête stricto sensu, l’autre cherchant une forme à donner à leur travail de fourmis militantes. Une complémentarité exemplaire. Comme porté par une urgence, Made in the USA devient alors une longue enquête sur les circonstances de l’arrestation et, en creux, une réflexion sur la question de la peine de mort aux Etats-Unis.
A deux voix, féminines mais intraitables, le film s’engouffre dans les corridors nauséeux de la machine judiciaire américaine. On en ressort éc’uré, mais aussi presque rassuré qu’un film consigne cette indignation.
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