Son visage enfantin avait illuminé « 17 filles » ou « Tonnerre ». Cette semaine, la gracieuse Solène Rigot partage l’affiche avec les deux grandes Adèle (Haenel et Exarchopoulos) dans « Orpheline », portrait de femme diffracté d’Arnaud Des Pallières et apparait aussi dans « La Confession » de Nicolas Boukhrief.
Sa jolie bouille encore un peu enfantine illumine de plus de plus de films et dans des rôles de plus en plus importants. Ces temps-ci, on peut la voir dans La Consolation de Nicolas Boukhrief et surtout dans Orpheline de Arnaud Des Pallières où elle partage carrément le même rôle avec ses deux aînées déjà couvertes d’honneurs et de prix, Adèle Haenel et Exarchopoulos.
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Un attrait tardif pour le cinéma
Solène Rigot ne se prédestinait pas au métier de comédienne. Gamine puis ado, elle n’était pas du tout cinéphile, voyait quelques films à la télé ou au multiplexe de son quartier sans y prêter d’attention particulière. Son premier film culte est La Cité de la peur, « le film de les Nuls » (réalisé par Alain Berbérian), une comédie d’essence télévisuelle plutôt que cinéphile donc. Sa grande soeur étant aficionada de Pedro Almodovar, Solène voit pas mal de ses films « sans vraiment les comprendre« . Elle a 13/14 ans.
Après le lycée, elle entre dans une école de cirque et c’est là que le cinéma vient toquer à sa porte par hasard. « Un directeur de casting m’a repérée lors d’un spectacle de cette école. Et la chance a fait que j’ai vite enchaîné trois films. Mon école de cirque était tournée vers le cirque contemporain, ce que j’ai appris était mêlé au théâtre, à la danse, Au début, le cinéma était une découverte totale pour moi : découverte technique, sociale… Puis ça s’est progressivement transformé en plaisir de jeu« . Son premier film est La Permission de minuit de Delphine Gleize, une expérience à la fois excitante et stressante pour la débutante de hasard. « Heureusement, Delphine encadrait très bien les jeunes acteurs, avec beaucoup de douceur. Et moi, j’étais très obéissante, je faisais exactement ce qu’elle me disait« . Elle enchaîne ensuite avec Xanadu, une série télé, puis toujours la même année 2011 (elle a 19 ans), ce sera son premier rôle marquant dans l’ébouriffant 17 Filles de Muriel et Delphine Coulin, dans lequel une bande de lycéennes décident de tomber enceintes pour emmerder les parents et conquérir leur autonomie. « Ce film, c’était comme une colo, la liberté, l’ambiance de bande, on se baladait tout le temps ensemble. Les soeurs Coulin ont bien saisi l’énergie de cette atmosphère de groupe, les rapports charnels, tactiles, très présents à cet âge-là« .
Révélation chez Brac, Anspach et Des Pallières
Solène a croisé également la route de Solveig Anspach, cinéaste franco-islandaise prématurément décédée d’un cancer l’année dernière. Elle apparait dans Lulu femme nue et dans L’Effet aquatique et repense à ces moments en étant émue, forcément émue : « elle était une femme magnifique. On perçoit son caractère dans sa trilogie fauchée (Back soon, Lulu… et L’Effet…), elle tricote ces films avec pleins d’éléments hétéroclites en pagaille. Elle laisse émerger les personnalités de chacun de ses acteurs« .
Autre rôle important de sa jeune carrière, celui de la jeune femme dont Vincent Macaigne tombe éperdument amoureux dans Tonnerre de Guillaume Brac. Elle s’en souvient avec bonheur comme du premier rôle où elle a pu enfin sortir de l’adolescence, jouer une femme à la personnalité ambigüe, à la fois solaire et perfide. Et puis… « je me suis retrouvée face au Vincent, une expérience puissante. Il m’a beaucoup appris, pas au sens où il me faisait la leçon, juste en l’observant jouer. Il propose toujours des choses alors que moi, j’étais plutôt restreinte, je restais dans les clous. Lui, il va très loin dans un sens, puis très loin dans un autre, et tant pis si ça rate, il tente et fait avancer les choses. Grâce à lui, je suis maintenant un peu plus audacieuse, je teste des trucs, mais sans aller aussi loin que Vincent« .
Avec Orpheline, elle connait une expérience nouvelle, celle de partager un même rôle avec d’autres comédiennes, ce qui arrive souvent quand il s’agit de représenter un personnage à deux âges très éloignés de sa vie (par exemple l’enfance et l’âge adulte), mais la particularité dans le film de Des Pallières, c’est la proximité temporelle des différentes phases. Ainsi, les deux Adèle ont un âge proche du sien. La question qui vient à l’esprit, c’est celle de leur collaboration éventuelle pour ajuster leur partie et aboutir à un personnage cohérent malgré le casting « cubiste ». Elle précise : « on a joué chacune sa partie sans se référer aux autres. Il était important que chacune soit concentrée sur sa partie en oubliant l’histoire globale. On jouait l’instant présent ce qui fait qu’on était toujours à fond. C’était une méthode intéressante. En voyant le film, on découvre des choses et puis même si on ne se ressemble pas, on sent que c’est un seul et même personnage. Il y a une sensation de présent dans tout le film, on ne sent pas le passé ou le futur au moment de chaque scène, on est vraiment fortement dans le présent« .
Et maintenant ?
Celle qui a débuté dans le métier par hasard se vit désormais pleinement comme actrice. « C’est un travail où on ne sent pas qu’on travaille. J’aime les rencontres qu’on y fait, j’aime aussi rendre service, contribuer à un projet collectif« . Les projets collectifs ne manquent pas dans sa vie puisqu’elle a aussi fait partie d’un groupe, Mister Crock, formation de pop folk dance où elle jouait de l’accordéon et du synthé. Le groupe s’est séparé mais elle compte bien en former un nouveau. Et puis désormais, elle va souvent au cinéma. Outre la re-vision et compréhension complète des Almodovar de son adolescence, elle a aimé récemment La Grande Belleza (mmm’ouais) et Mad Max – Fury road (youpi !). Goûts éclectiques d’une jeune comédienne ouverte, solaire, fine, disponible à tout ce qui se présentera de stimulant sur le chemin de son parcours artistique.
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