Des vacances en famille hantées par un drame enfoui. Ana Girardot est le soleil le plus puissant du film.
Faut-il être une femme pour pouvoir aujourd’hui construire une œuvre autour de l’érotisme dégagé par un corps féminin ? La question se pose avec Soleil battant, premier long métrage des réalisatrices, scénaristes et frangines Laperrousaz, tant le film repose sur les épaules – au propre et au figuré – d’Ana Girardot.
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Elle y incarne une jeune mère qui part en vacances dans la campagne portugaise, accompagnée de son mari et de leurs jeunes jumelles. Mais sous l’éden familial et paysagé est enfoui un tragique pèlerinage : le couple revient pour la première fois sur les lieux de la mort de leur premier enfant.
Si les jumelles ne connaissent rien de l’existence de leur grande sœur défunte, leur mère s’abandonne à une certaine mélancolie, laissant le drame remonter à la surface. Malgré la réalisation baignée de qualités sensorielles, la belle économie de lieu et le récit assez touchant d’un couple déchiré par la mort d’un enfant, ce Soleil battant manque cruellement d’inspiration, notamment dans l’écriture de ses dialogues souvent mal sentis.
Sublime dans ce rôle de jeune mère atteinte d’une dépression qui ne dit pas son nom, Ana Girardot explore ici un versant ténébreux qu’on ne lui connaissait pas. Elle semble tellement obséder le film qu’il en oublie son récit et se transforme en reportage sur ses traits mutins, sa grâce innée, ses formes idéales et sa peau hâlée. Rarement cœur de film ne battit autant pour son actrice principale.
Soleil battant de Clara et Laura Laperrousaz (Fr., Por., 2017, 1 h 35)
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