Hommage sans audace au plus célèbre cinéaste japonais, Akira Kurosawa, décédé récemment. La soirée hommage d’Arte se compose d’un bref documentaire et des deux plus célèbres réalisations de Kurosawa : Rashômon, œuvre couverte de prix (Oscar, Lion d’or vénitien) qui fit découvrir le cinéma japonais au grand public et Dersou Ouzala, son plus grand succès […]
Hommage sans audace au plus célèbre cinéaste japonais, Akira Kurosawa, décédé récemment.
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La soirée hommage d’Arte se compose d’un bref documentaire et des deux plus célèbres réalisations de Kurosawa : Rashômon, œuvre couverte de prix (Oscar, Lion d’or vénitien) qui fit découvrir le cinéma japonais au grand public et Dersou Ouzala, son plus grand succès commercial. On pourrait déplorer une programmation si peu audacieuse, et en particulier le choix de Dersou Ouzala, seul film non japonais (tourné en URSS) du cinéaste. Mais en même temps, pour un néophyte, cela peut constituer une initiation en douceur au cinéma nippon, à laquelle contribue le succinct documentaire d’Antoine Voituriez, Akira Kurosawa, le dernier samouraï. Long d’un quart d’heure à peine, cela aurait pu faire un bon hors-d’œuvre si on s’était avisé de le diffuser en début de soirée. Mais la loi du prime-time en a décidé autrement. Faisons tout de même notre pitance de ce zakouski filmique qui comprend des bouts d’interviews, de rares plans du cinéaste au travail, et surtout de sublimes extraits de films. Ceux qui aimeraient en savoir plus sur le cinéaste se reporteront avec profit à son livre Comme une autobiographie (Cahiers du cinéma), ou visionneront A. K., documentaire que Chris Marker consacra au maître.
Mais revenons aux films. Rashômon est resté mythique à cause de sa structure narrative fort originale (pour l’époque). Illustrant les différentes versions d’un même épisode dramatique le viol d’une femme et l’assassinat de son mari , le film est devenu une référence obligée. Exemple entre mille : le dernier Eastwood, Minuit dans le jardin du bien et du mal, qui utilise « l’effet Rashômon » pour les témoignages divergents du procès final. Mais ce qui frappe avant tout, outre la coutumière élégance de la mise en scène de ce grand imagier du cinéma japonais, c’est le caractère humaniste et picaresque de son univers. Kurosawa fut l’équivalent extrême-oriental de John Ford et de Jean Renoir dont la fameuse maxime « Tout le monde a ses raisons » pourrait être le slogan de Rashômon. Quant à Dersou Ouzala, c’est un peu son Jeremiah Johnson : l’histoire d’un officier tsariste qui rencontre un chasseur asiatique dans la taïga sibérienne ; une sorte de sage oriental qui sera le guide et l’intermédiaire du Russe dans sa découverte de la nature. Signalons que ce chasseur a bien pu inspirer le personnage du sage Yoda dans L’Empire contre-attaque, deuxième volet de la saga de Star wars qui, rappelons-le, est une adaptation science-fictionnesque de… La Forteresse cachée de Kurosawa. Il reste encore à diffuser des œuvres un petit peu moins évidentes de cet admirable vulgarisateur (au sens noble) de la culture orientale.
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