De Star Trek à La Momie, cette ancienne danseuse hip-hop fait bénéficier de ses prouesses d’athlète les plus puissants blockbusters hollywoodiens dans des rôles d’aliens ou de mutantes. Mais la jeune Franco-Algérienne rêve aussi de revenir vers le cinéma hexagonal.
Peau d’alien bleutée (Star Trek – Sans limites, 2016), jambes amputées mais dotées de prothèses mi-sabre, mi-ressort (Kingsman – Services secrets, 2015) ou corps momifié depuis des millénaires (La Momie, 2017), Sofia Boutella est coutumière de la transformation physique. Jusque-là, on peut même dire qu’on n’aura pas vu cette Franco-Algérienne de 35 ans dans un rôle exempt de métamorphoses corporelles, incarnant la figure très contemporaine d’une humanité augmentée.
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“Je ne cherche pourtant pas particulièrement ça, assure-t-elle. J’ai d’ailleurs joué une femme normale dans Atomic Blonde, qui sortira cet été, et puis dans des films beaucoup plus petits et indés comme Jet Trash ou Tiger Raid, qui ne sont pas sortis en France.”
Engagée par Blanca Li
De son Algérie natale aux gros blockbusters hollywoodiens en passant par le show du Super Bowl avec Madonna en 2012, Sofia Boutella possède un parcours assez atypique. Née d’un père compositeur et d’une mère architecte, elle commence la danse classique à son arrivée en France, à 10 ans. Passée l’adolescence, elle éprouve le besoin de remettre en question son apprentissage classique : “Au bout d’un moment, j’en avais marre des règles et j’ai voulu faire du hip-hop. Ce n’était pas la musique qui m’intéressait particulièrement mais vraiment le fait de briser les codes du classique.”
A 17 ans, et alors qu’elle aurait préféré devenir actrice, elle se fait repérer par la célèbre chorégraphe Blanca Li, qui l’engage en tant que danseuse dans son film Le Défi (2002). Un premier long métrage qui va lui ouvrir les portes des shows des plus grandes pop-stars de l’époque puisqu’elle signe un contrat avec James King, le directeur artistique des concerts de Madonna, Mariah Carey et Rihanna, pour lesquelles Sofia va danser.
“Madonna était incroyable. (…) Elle m’a appris beaucoup et m’a énormément influencée”
Sa plus longue collaboration, elle l’aura avec la reine de la pop, qu’elle accompagnera sur plusieurs tournées mondiales. “J’ai eu la chance d’avoir des femmes fortes autour de moi, qui n’hésitent pas à donner leur opinion. Madonna était incroyable. A chaque fois qu’elle me demandait de faire quelque chose, elle m’expliquait pourquoi. Elle m’a appris beaucoup et m’a énormément influencée.”
Mais tandis qu’elle joue dans son deuxième film, Streetdance 2 (2012), elle réalise qu’elle n’a plus envie de danser et qu’elle aspire à renouer avec son désir originel de devenir actrice. Alors qu’elle vivait auparavant aux quatre coins du monde – “je me vis comme une vagabonde” –, elle explique, dans un français troublé par une exposition prolongée à la langue de Shakespeare, s’être établie à Los Angeles et avoir commencé à passer des castings.
Entre Vimala Pons et Golshifteh Farahani
“Quand j’ai arrêté de danser, je n’ai pas travaillé pendant deux ans. C’était dur. Je rencontrais des gens, je lisais des scénarios, je prenais des cours de théâtre… Et puis Kingsman est arrivé de nulle part, par hasard. A partir de là, c’est devenu beaucoup plus facile.”
Elle enchaîne avec Star Trek – Sans limites, où elle joue le rôle d’une alien solitaire qui vient en aide à l’équipe de l’Enterprise bloquée sur une planète hostile, puis avec La Momie, où elle incarne une princesse égyptienne ayant pactisé avec le maléfique dieu Seth. “Ce qui m’intéressait dans ce projet était que le personnage de monstre soit une femme, et une femme forte, pas victimisée. Et puis reprendre le rôle iconique de Boris Karloff quatre-vingt cinq ans après le premier La Momie était quelque chose de très excitant.”
A mi-chemin entre les compétences athlétiques d’une Vimala Pons et la polyvalence cosmopolite d’une Golshifteh Farahani, cette Frenchie apporte une forte dimension physique – quasi performative – à ses rôles hollywoodiens. “La danse m’a énormément aidée. J’accorde beaucoup d’importance au langage physique, aussi parce qu’on m’a donné jusque-là des personnages qui n’avaient pas beaucoup de texte. Du coup, je me suis dit qu’il fallait que je leur donne une identité corporelle forte.”
Travailler avec Audiard ou Kechiche
Brillant par sa grâce naturelle et son physique d’athlète, elle avoue avoir arrêté la danse tout en continuant toutefois à faire du sport. “J’ai besoin de me dépenser. Par exemple, pour La Momie, j’ai fait de la boxe, du Pilates et du bâton.”
Si elle a quitté les écrans français depuis douze ans et un téléfilm, Permis d’aimer (2005), cette égérie Nike aimerait beaucoup tourner à nouveau dans l’Hexagone. “J’ai auditionné pour beaucoup de choses en France mais cela ne s’est jamais fait. J’aimerais pourtant beaucoup rejouer en français, notamment avec Jacques Audiard. Je suis très impressionnée par la qualité de ses films. J’aimerais aussi travailler avec Abdellatif Kechiche. J’aime les aspects politiques et engagés de son cinéma.”
Avant qu’elle revienne peut-être sous nos latitudes, nous devrions d’abord revoir Sofia Boutella dans des seconds rôles de plus en plus importants – Atomic Blonde, donc, un thriller d’espionnage où elle partage la vedette avec Charlize Theron, James McAvoy et John Goodman, puis Hotel Artemis, un film de science-fiction où elle jouera aux côtés de Jodie Foster et Dave Bautista.
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