Alors que la question éthique dans la mode prend de plus en plus de place, un documentaire s’intéresse plus particulièrement à un sujet curieusement absent des débats : le traitement des animaux dans les industries du cuir, de la fourrure et de la laine.
Dans le même genre que Cowspiracy: The Sustainability Secret (2014), qui se concentrait sur l’industrie de la viande, SLAY aborde à nouveau de façon frontale le sujet de la cruauté envers les animaux. On retrouve derrière la caméra la moitié du duo de réalisateurs, Keegan Kuhn. Cette fois, Kuhn lève le voile sur les mystères et non-dits que l’industrie de la mode s’efforce de garder autour d’elle. Et là-dessous, ce n’est pas très beau à voir.
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On y suit Rebecca Cappelli, une adoratrice des animaux et passionnée de mode, qui a longtemps porté de la fourrure et du cuir avant de réaliser les conditions dans lesquelles les animaux étaient tués. Cette militante des droits des animaux explore à travers le monde, pendant trois ans, les recoins les plus obscurs de l’industrie du cuir, de la fourrure et de la laine. Et s’interroge : peut-on à la fois aimer les animaux et en porter sur soi ?
Les stratégies des entreprises dans le viseur
La prise de conscience écologique ayant pris en ampleur ces dernières années, la stratégie principale de l’industrie de la mode est la distraction. C’est-à-dire : transformer le débat sur les animaux utilisés pour la production de ces matériaux en débat sur le plastique ; informer les clients sur la durabilité de leurs produits, sans jamais évoquer la question animale. Une déconnexion s’opère, jusque dans les entreprises, qui commercialisent les peaux d’animaux au moyen d’un effacement méticuleux de toute trace qui pourrait rappeler qu’il s’agit, justement, d’animaux…
S’il paraît évident que le cuir et la fourrure nécessitent l’abattage d’animaux (bien que 20 % des gens ne sauraient pas que la fourrure provient des animaux !), il est moins connu que l’industrie de la laine, qui bénéficie d’une excellente réputation, a aussi son lot de souffrances infligées aux moutons, et surtout aux agneaux, dont la laine est particulièrement convoitée.
Un constat sévère, loin du documentaire-choc
SLAY ne fait pas de blacklisting et ne rentre pas dans le registre du documentaire-choc. Il fait seulement un constat : celui que la responsabilité pèse du côté des entreprises et des consommateur⸱trices. Et que tous ces “dessous” (greenwashing, étiquetages erronés et, surtout, cruauté massive envers les animaux) ne sont pas si bien cachés, et sont finalement facilement accessibles à ceux et celles qui sont prêt⸱es à ne pas détourner le regard.
Et plus la sensibilisation s’opère et l’information se diffuse, plus les comportements évoluent vers des pratiques alternatives plus éthiques et responsables : on peut fabriquer du cuir à partir de différents produits, et même à partir de cactus… L’argument le plus souvent avancé serait par ailleurs un problème de qualité, idée fausse d’après la fondatrice du Collective Fashion Justice, une association qui prône une mode éthique pour les personnes, les animaux et la planète. La seule limite, au fond, reste notre imagination. Car tuer des animaux, est-ce encore vraiment à la mode ?
Le documentaire SLAY est présenté en avant-première sur WaterBear, un service de streaming respectueux de l’environnement.
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