Adaptation sur grand écran d’un compte lnstagram, le film séduit par l’énergie féministe de sa bande de filles mais pâtit d’une réalisation sans point de vue.
Filmer la communauté ds skateurs ne semble jamais aller sans son lot de sauvagerie. Kids, Paranoid Park, Les Seigneurs de Dogtown, Yeah Right!, The Smell of Us, etc., ces films partagent tous un casting et des conditions de tournage sauvages. Ils portent en eux une rébellion de cool kids à base de weed, de stricks, de transgression et de sexe.
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Qu’en est-il de ce mouvement en 2019 ? Skate Kitchen est – davantage que le nostalgique 90’s de Jonah Hill, autre film sur le skate qui sortira dans quelques mois – ancré dans un présent dont la férocité a changé de visage. Tout d’abord parce que le film décline le skate au féminin et ensuite parce qu’il a pour origine un compte Instagram qui lui donne son titre (serait-ce, au passage, la première fois qu’un film est adapté d’un compte Instagram ?). Créé en 2016, le compte Skate Kitchen regroupe un crew de skateuses adolescentes vivant à New York et autour duquel la réalisatrice a improvisé une fiction.
Il y a tout d’abord quelque chose d’assez fascinant à observer l’aisance avec laquelle cette bande de filles bousculent les stéréotypes du genre et se font une place dans un monde de mecs. Le problème est que ce naturel est très vite entaché d’un scénario grossièrement ficelé. Ni la réalisatrice ni les skateuses ne semblent croire dans l’histoire qu’elles racontent. Ce qui finit par faire ressembler Skate Kitchen à une longue story Instagram.
Comme dans ces courtes vidéos éphémères, on est retenu par l’amour des personnages et l’attente du micro événement mais on sait bien, au mieux, que l’on perd un peu notre temps et, au pire, que l’on est en train de nous vendre des marques (leurs logos sont innombrables dans le film). Dommage, car l’énergie de ces filles aurait mérité que se pose sur elle un regard autrement plus affirmé.
Skate Kitchen de Crystal Moselle, avec Rachelle Vinberg et Jaden Smith (E.-U., 2018, 1h45)
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