Quiconque a déjà goûté un singapore sling sait combien ce cocktail (gin + brandy + Cointreau + assortiment d’agrumes) peut provoquer des dégâts. La recette selon le grec Nikos Nikolaidis, particulièrement corsée, risque elle aussi d’agresser bon nombre d’estomacs. Surtout quand il la concocte en mêlant tous les fluides corporels additionnés de fantasmes cinématographiques particulièrement […]
Quiconque a déjà goûté un singapore sling sait combien ce cocktail (gin + brandy + Cointreau + assortiment d’agrumes) peut provoquer des dégâts. La recette selon le grec Nikos Nikolaidis, particulièrement corsée, risque elle aussi d’agresser bon nombre d’estomacs. Surtout quand il la concocte en mêlant tous les fluides corporels additionnés de fantasmes cinématographiques particulièrement secoués.
Un détective privé enquête sur la disparition d’une jeune femme qui l’obsède et tombe entre les griffes d’une paire mère-fille aux moeurs corrompues. S’ensuivent séances de torture, de bondage et autres viols.
En plongeant Laura dans les eaux peu claires du cinéma d’exploitation, Singapore sling écarte et déchire les brèches ouvertes par Herschell Gordon Lewis et Russ Meyer celui des débuts, plus cru que cul, dont ce film partage la maîtrise du noir et blanc lorsqu’ils investissaient les drive-in pour titiller leurs limites.
Un des monuments du cinéma classique est donc soumis aux électrochocs du cinéma de genre lors d’un véritable et brutal interrogatoire n’ayant qu’un seul but : extraire le jus du film d’Otto Preminger, le pousser à avouer sa nécrophilie. Pour le forcer à littéralement cracher le morceau, Nikolaidis organise d’incessantes bacchanales où partouzent plus que de mesure Eros et Thanatos, l’extase et l’agonie. Même si on a connu avant comme après le film date de 1990 des films bien plus éprouvants, Singapore sling reste un cas particulier de cinéma spasmodique. Des secousses éruptives, affrontement d’impétueuses envies épicuriennes nourries d’une insatiable fringale de plaisirs interdits et de la volonté de s’imposer gardien d’un mausolée hanté par un amour qui ne peut être qu’inassouvi car éprouvé envers les spectres de chers disparus.
Singapore sling joue donc les entremetteurs entre un cinéma aussi charnel que carnassier et un autre n’ayant que la jouissance de souvenirs pour mieux se repaître de cette liaison houleuse qui délaisse les préliminaires, lui préférant les coups de boutoir d’étreintes forcées. Un déni du jeu de la séduction qui pourrait bien être la faiblesse d’un film qui, s’il n’a que faire d’être aimable, s’entête à très probablement laisser plus d’un spectateur sur le carreau. D’autres (a)mateurs se délecteront plus sûrement des délices de ce jardin des supplices.
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