Grâce à une œuvre précoce fabriquée sans argent, il signe à 27 ans un premier long métrage, remarqué à Cannes en 2022, qui parachève son exploration des motifs adolescents.
À 7 ans, Simon Rieth, aujourd’hui 27, s’empare du caméscope familial pour filmer son frère Hugo, un an de moins que lui et héros de ses courts métrages.
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Dans sa chambre, il bricole des animes avec des Lego, dont un remake “assez gênant” du Christine de John Carpenter – idole d’enfance avec Tim Burton, avant que ne viennent Gus Van Sant et Larry Clark. Sa famille, ses ami·es du lycée deviennent les acteur·rices de sa filmo naissante. Après les années Montpellier, il retourne en terre parisienne (il est né à Soisy) pour une prépa hypokhâgne-khâgne, alibi idéal pour choisir une option cinéma et s’inscrire au concours de la Fémis : “Mes parents ne connaissaient pas ce monde, c’était le seul truc rassurant.”
Virilité et rivalité
Ratage et rancœur les poussent, avec un pote recalé, à faire leurs films coûte que coûte tout en suivant une licence cinéma à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. La plupart sont fabriqués sans argent, en mode pirate. C’est grâce à l’abondance de son œuvre précoce que Nos cérémonies a été financé plus simplement. Premier long présenté à la Semaine de la critique en 2022, le film éclaire le geste originel de son auteur : mettre en scène deux frères qui jouent à mourir et à renaître comme le font les enfants et les avatars de jeux vidéo, avec toujours cette obsession du masculin.
“À Montpellier, il y avait cette ambiance de mecs virils. Je voulais la magnifier et raconter cette virilité dangereuse. Si tu filmes les gens comme des monstres, ça ne sert à rien, si tu les idéalises non plus. Nos cérémonies est plus réussi à ce niveau-là : il y a toujours ce contraste. Je voulais que les personnages soient attirants, sexuels. On a beaucoup vu des personnages féminins sexualisés au cinéma, moins des garçons.”
Nos cérémonies scelle déjà, pour son jeune auteur, l’aboutissement d’un trajet – celui de l’adolescence et de sa mélancolie, motif chéri dont il n’a cessé d’explorer les nuances : “Tous ces films, je les ai faits à la sortie de cet âge. Je commence à m’en éloigner et j’aime l’idée d’attaquer autre chose.” La suite ? Un petit film de cinq minutes qu’il vient de réaliser, et un nouveau long “moins bavard, sur un mec solitaire de 30 ans”.
Nos cérémonies de Simon Rieth. En salle le 3 mai.
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