Une famille se retrouve persécutée par les fantômes d’un cimetière au pouvoir démoniaque. Une nouvelle adaptation du roman de Stephen King terne et désincarnée.
Dans “Simetierre”, roman culte de Stephen King paru en 1983, un jeune médecin, Louis Creed, son épouse Rachel et leurs deux enfants, Ellie et Gage, quittent Chicago pour s’installer dans une petite bourgade du Maine. A quelques pas de leur nouvelle demeure, enfouie dans une forêt séculaire, se trouve un étrange cimetière où sont enterrés les animaux de compagnie de la région depuis plusieurs générations. Lorsque Church, le chat familial, se fait écraser par un camion, Jud, le voisin un peu rustre des Creed, enterre la dépouille de l’animal par-delà le “pet sematary”, sur un tertre rocheux lugubre, qu’on découvrira être un ancien cimetière indien. Le lendemain, Church fait brusquement irruption dans la maison des Creed, mais n’est guère plus que l’ombre du chat joueur qu’il était avant sa mort, portant sur lui les stigmates de son mystérieux retour à la vie.
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L’adaptation de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer est à l’image de cette résurrection accidentée ; les deux cinéastes tentant d’exhumer le roman de King pour n’en tirer qu’une copie mortifère et désincarnée. C’est que ce Simetierre-là manque cruellement de vision. De la noirceur vénéneuse du roman, et de son exploration du deuil jusqu’aux confins du déchirement (et de la folie), ne demeure qu’un programme horrifique balisé, qui provoque bien quelques frissons, mais ne dépasse jamais le cadre de son ambition muselée.
Lorsque le récit bifurque vers la tragédie, le film ne parvient pas à inoculer le vertige existentiel et le malaise insidieux qui contaminaient le roman. Le film s’égare alors dans un drame zombiesque intimiste largement ressassé, avec ses scènes d’épouvante vues, revues et convenues. Et la fin alternative que défriche le film, et qu’on nous promettait insoutenable, nous apparaît bien sage par rapport à la conclusion déchirante du roman.
Si demeurent quelques éclats formels (en grande partie dus à une photographie brumeuse racée), on préférera à cette adaptation morte vivante la version de 1989 signée Mary Lambert, qui, loin d’être exempte de défauts, parvenait à concilier avec justesse récit de fantômes macabre et drame familial poignant. King nous avait prévenus : il est souvent plus avisé de laisser ceux qu’on aime reposer six pieds sous terre, plutôt que de chercher à tout prix à déterrer leurs dépouilles.
Simetierre de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer (E.-U., 2019, 1 h 41)
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