Déjà auteure de nombreux documentaires sur le langage, Nurith Aviv s’intéresse ici aux sourds-muets.
Un film bref mais concis de Nurith Aviv qui poursuit, en dehors des modes et des courants, une œuvre aussi confidentielle qu’exigeante dont l’inépuisable sujet est le langage (cf. Poétique du cerveau, Traduire, D’une langue à l’autre, Annonces). Cette fois, la documentariste se plonge dans la langue des signes, allant à la rencontre des muets en Israël.
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Rigoureuse, respectueuse de ceux qu’elle filme sobrement, la cinéaste met en scène la transmission de cette langue qui substitue les mouvements aux phonèmes : elle filme des enfants apprenant à signer et des adultes qui s’expliquent sur leur rapport à l’expression gestuelle. Les uns dialoguent avec les autres.
En même temps, le film décrit comment un microcosme culturel s’est constitué à l’intérieur de la société, à partir de ce handicap. Mais la langue des signes n’est pas aussi unie et universelle qu’on pourrait le penser. C’est même le contraire : elle a plus de variantes régionales et de particularismes que les langues parlées. Certes, le film n’entre pas dans les détails et donne assez peu d’exemples d’équivalences entre signes et mots – les intentions de la cinéaste ne sont pas pédagogiques.
Son but est avant tout de faire ressentir les rapports émotionnels des muets entre eux et avec le monde parlant. C’est aussi une manière prosaïque et documentaire de revenir à la source du cinéma où le geste précéda le verbe. Lumineux.
Signer de Nurith Aviv (Fr., 2018, 1 h)
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