La saga Shrek en bout de course.
Disons-le tout net, Shrek n’a jamais été notre tasse de thé et, dans la guerre de l’animation numérique lancée il y a tout juste dix ans entre Dreamworks et le studio Pixar, ce dernier a remporté la bataille. A plates coutures.
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Cependant, du temps de ses deux premières aventures, l’ogre vert avait pour lui une certaine aisance, un indéniable facteur de réussite qui lui permettait, suprême honneur, de fouler le tapis rouge cannois.
Sous ce grand vide-ordure de mythologies recyclables se terrait une implacable capacité de séduction, qu’un troisième opus raté avait entamée, mais pas tout à fait enterrée.
Annoncé comme le dernier épisode de la saga, Shrek 4 commence – surprise – plutôt bien. Désormais père de trois enfants, bon mari et bon voisin, l’ogre mène une vie paisible ; il est même devenu une sorte de divertissement touristique à qui les enfants demandent de rejouer ses mimiques fétiches – le recycleur n’échappe ainsi pas à son propre recyclage.
Le temps d’une première bobine enlevée, le film pose ainsi une drôle de question existentielle : que se passe-t-il après la dernière page des contes et leur canonique “ils se marièrent, eurent beaucoup d’enfants et vécurent heureux” ? Et si tout cela n’était qu’un mensonge ?
Nostalgique des années où son haleine faisait encore fuir les humains, Shrek décide ainsi de sceller un pacte avec un magicien qui lui promet, pour une seule journée, de le rendre à sa vie d’ogre beauf, sale et méchant – la vraie vie, quoi. Mais le pacte est pourri, et c’est dans un monde parallèle où il n’a jamais existé, où les ogres sont pourchassés et où règne un Ubu roi de pacotille qu’il se retrouve propulsé.Et nous avec, pour une heure et demie d’humour puéril et de laideur numérique à laquelle les lunettes 3D n’ajoutent rigoureusement rien.
Pourtant, au sein de ce scénario balisé, inspiré de La vie est belle de Capra – bien entendu, Shrek réalise que, sans lui, le monde est un enfer –, réside un point aveugle qui, s’il ne surprend pas, en dit long sur l’idéologie de ses créateurs : dans ce monde supposé invivable, donc, le véritable héros n’est plus le gros vert mais sa femme, la princesse Fiona, devenue chef de la résistance ogresse…qui s’empresse de retourner aux fourneaux sitôt l’atroce uchronie achevée.
Ouf, tout est bien qui finit bien, et ils vécurent heureux, etc., etc. Fin, enfin.
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