A l’origine, Show boat est un très célèbre musical de Broadway dont James Whale fit une adaptation cinématographique en 1936. Ce remake signé par George Sidney est surtout une production Arthur Freed pour la MGM. On y retrouve donc l’esthétique soignée de la firme du lion, le goût pour la surcharge décorative et les couleurs […]
A l’origine, Show boat est un très célèbre musical de Broadway dont James Whale fit une adaptation cinématographique en 1936. Ce remake signé par George Sidney est surtout une production Arthur Freed pour la MGM. On y retrouve donc l’esthétique soignée de la firme du lion, le goût pour la surcharge décorative et les couleurs chatoyantes, un casting prestigieux, une reconstitution historique minutieuse et de gros moyens financiers. Mais George Sidney n’est ni Vincente Minnelli ni Stanley Donen. Et Show boat n’arrive pas à la cheville des deux autres productions Freed de l’année 51, Un Américain à Paris et Mariage royal. Car Sidney ne parvient jamais à transcender la théâtralité un peu poussiéreuse de l’œuvre originale. Il se contente de filmer assez platement la succession des numéros musicaux et n’insuffle aucun rythme nouveau à une intrigue mélodramatique fort convenue.
Il lui manque à la fois la réflexion sur le va-et-vient entre le spectacle et la vie d’un Minnelli et le prodigieux sens du rythme d’un Donen. Du coup, Show boat se laisse regarder avec un ennui distingué. Si le film reste un beau témoignage sur un système de production devenu mythique, il n’arrive jamais à nous émouvoir et devenir notre contemporain. On se retrouve face à un musée délicat, certes, mais un musée mort. Parfois, on rencontre une belle pièce par exemple, le blues que chante le Noir au départ du bateau au détour d’un couloir. Mais elle paraît détachée de l’ensemble et plus apte à servir une anthologie de la comédie musicale qu’à revivifier efficacement le film dont elle provient.
Reste Ava Gardner. Dans le rôle secondaire mais essentiel de Julie Laverne, belle métisse victime des hommes et du racisme du Sud, elle donne à son personnage une complexité qui contraste avec le simplisme de l’intrigue principale, qui peut se résumer par une expression fameuse (« séduite et abandonnée ») avant l’inévitable happy end. Elle joue donc une victime, dont le film suit la lente mais inéluctable dégradation morale et physique, sans pour autant se départir de son rayonnement habituel. Malgré le conformisme moral navrant de l’ensemble (la métisse est forcément condamnée), et malgré un maquillage grossier qui tend à la faire passer de parfaitement blanche (au début) à vaguement noire (à la toute fin), Ava reste irréductible à la médiocrité. Bientôt, cette même année 51, elle sera Pandora.
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