Selon Tonino Benacquista, le flipper est le meilleur moyen de retrouver les délicats frissons du grand écran. Découvertes ou déceptions flippantes, tilt ou special ? Le flipper a 50 ans. Et tout le monde s’en fout. La seule machine capable de faire des épissures avec les synapses est née en 1947 à Chicago. Les commémorations […]
Selon Tonino Benacquista, le flipper est le meilleur moyen de retrouver les délicats frissons du grand écran. Découvertes ou déceptions flippantes, tilt ou special ?
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Le flipper a 50 ans. Et tout le monde s’en fout. La seule machine capable de faire des épissures avec les synapses est née en 1947 à Chicago. Les commémorations de cette fin de millénaire oublieront cette date capitale, mais avec un peu de chance les Américains vont nous fabriquer un Pinball 50th anniversary qui serait une sorte d’anthologie du flipper de ses origines à nos jours, une machine qui les réunirait toutes en elle et nous permettrait de patienter d’ici l’an 2000. A moins que la présence d’un flipper à chaque coin de rue ne soit le dessein d’une intelligence supérieure, occulte et, pour tout dire, extraterrestre.
Là où d’habitude on voit s’afficher un « Drogue, ne touche pas à cette… », le cadran d’Independence Day nous propose un autre combat : « Just say no to Alien invasion! » Comme si nous ne savions pas, à l’instar de David Vincent, que le cauchemar a déjà commencé. Le jeu ne propose aucune invention particulière, l’organisation de la table elle-même est un peu vieillotte, hormis les trois rampes dont l’état d’entropie fait penser, vu de haut, à un plat de macaronis. Ne vous échinez pas à les enfiler les unes après les autres, elles ne rapportent que très peu au compteur, allez plutôt chercher directement le multibille. Il suffit de frapper l’alien trois fois et son corps s’ouvre comme sur une table de dissection (seul moment rigolo du film). Il faut traquer le shoot again, rien que pour s’entendre dire « Enjoy your extraball, maybe your last.« Voilà peut-être le mode d’emploi : jouer chaque bille comme s’il s’agissait de la dernière, quand la red alert a déjà sonné et que les 100 % du virus ont été chargés dans la trappe de droite. La partie n’est hélas pas aussi extravagante que le film et la lassitude gagne, même si l’on pénètre dans l’Area 51, même si une inattendue walkyrie vous chante « Ooooojooohotojooo » dès que vous perdez la bille (jeu : une walkyrie s’est cachée dans Independence Day, le film, à toi de la retrouver). Une autre voix nous dit « We’ve always believed we were not alone.« Ce qui tendrait à prouver que le flipper lui-même n’est qu’une allégorie de l’extraterrestre. Il tient sur quatre pattes, il fait des bruits bizarres, il brille la nuit, on en trouve partout, et il a envahi la planète depuis cinquante ans. Les agents Scully et Mulder devraient se pencher sur la question et gratter quelques parties au compteur. A ceux qui auront envie de se colleter à un monstre qui en vaut vraiment la peine, le pinball wizard recommande le trop rare Creature of the black lagoon. Hommage aux frissons d’antan, aux drive-in ambiance fifties et aux couples qui se bécotent dans le noir. Séquence nostalgie sur la magie du cinéma et le charme des salles obscures. Qui sait, il faudra peut-être attendre le second siècle du cinéma pour inventer des machines qui évoqueront le patrimoine français. Le flipper du Voyage sur la Lune. Mélies aurait adoré ça.
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