Après plus d’une semaine à essayer de fuir les Talibans à Kaboul, la réalisatrice afghane a enfin pu prendre l’avion avec sa famille. Elle serait arrivée en France.
“Si je survis à ça et j’ai la chance de faire plus de films, mon cinéma aura changé pour toujours.” Ces mots, Shahrbanoo Sadat les a confiés à The Hollywood Reporter le 17 août 2021 – soit deux jours après la prise de Kaboul par les Talibans, alors qu’elle peinait à quitter la capitale afghane avec sa famille. Le 23 août, sa productrice Katja Adomeit a donné de ses nouvelles par communiqué : la réalisatrice est parvenue à quitter le pays avec ses proches.
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Une évacuation espérée
“Avec l’aide du gouvernement français et celle de personnes des quatre coins du monde, Shahrbanoo a réussi, après plusieurs jours, avec 9 membres de sa famille à passer tous les checkpoints des Talibans à l’aéroport, où des soldats français l’ont accueillie elle et sa famille.” Après une escale à Abu Dhabi, elle a pu partir pour l’Europe. D’après Le Film Français, elle est arrivée à Paris depuis.
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La veille même de la tombée de Kaboul entre les mains des Talibans, Shahrbanoo Sadat avait déjà demandé de l’aide à la communauté internationale, mais parvenir à prendre l’avion était déjà une tâche compliquée (au vu des contrôles), et il était hors de question pour elle de fuir en laissant ses proches derrière elle. La cinéaste a donc attendu qu’ils et elles puissent tous·tes partir ensemble.
Un cinéma engagé
À travers ses films, Sadat a toujours cherché à représenter la vie afghane telle qu’elle l’a connue – celle de “l’ordinaire”, du quotidien –, et non pas forcément celle qu’on connaît de loin – celle d’un pays en conflit. En 2016, son long métrage Wolf and Sheep, mêlant réalité et folklore mystique, lui a valu d’être récompensée à la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes. À 20 ans, elle est alors devenue la première cinéaste afghane à être invitée sur la Croisette.
Trois ans plus tard, elle sort L’Orphelinat, deuxième volet de la pentalogie qu’elle prévoit de développer. Dans ce film (sélectionné à la Quinzaine), elle suit l’histoire d’un jeune garçon pour raconter la fin d’une époque dans la capitale afghane, à l’heure où le pays s’apprête à basculer d’un régime soviétique à un État islamiste mené par les Talibans. Le prochain chapitre de la saga, Kabul Jan, s’intéressera, quant à lui, au monde médiatique moderne en Afghanistan, à travers une comédie romantique.
“Je pense que c’est important pour nous, en Afghanistan, de connaître au moins l’histoire des 100 dernières années parce que personne ici ne lit de livres”, a-t-elle confié à THR le 17 août. Avant d’ajouter : “Connaître notre histoire est notre seul espoir pour l’Afghanistan dans le futur.”
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