La danse filmée en 3D et en continu : très beau.
Au fin fond des multiplexes sans charme, là où le pop-corn colle un peu trop insidieusement aux semelles de godasses, s’épanouit depuis quelques années une “franchise” qui tente, à base de beats et de booty, de remettre la comédie musicale au goût du jour ; trois beaux films intitulés Step up (1, 2 et maintenant 3D), et renommés Sexy Dance par leur distributeur français, ce qui n’a évidemment pas contribué à asseoir leur crédibilité auprès des cinéphiles, plus enclins à revoir des Stanley Donen en DVD.
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Il est temps de réparer l’injustice. Sans véritable souci de continuité, les Sexy Dance racontent tous, peu ou prou, la même histoire : des jeunes gens sexy mais paumés, misfits largués par l’école et leur famille, se retrouvent dans la rue pour danser sur des rythmes syncopés de hip-hop, en attendant de remporter le grand tournoi qui les portera au sommet de la coolitude.
Bien que les enjeux, déjà ténus dans les premiers épisodes, aient été encore réduits dans celui-ci, on retrouve là une tendance sociale du film de danse, portée à son apogée par Saturday Night Fever.
Et même si la sublime noirceur du film de John Badham a laissé place à un optimisme assez conventionnel, il y a quelque chose d’extrêmement beau (car sincère) à voir ainsi la danse salvatrice de tous les maux, à la fois moyen d’élévation sociale, substitut à la guerre urbaine (dans la tradition West Side Story) et possibilité de réenchanter le monde (la scène des bulles de savon sur la bouche d’aération). Une utopie se dessine là, qu’on aimerait voir plus souvent en France…
Mais la meilleure raison d’aimer le film de Jon Chu tient à la façon qu’a ce dernier de filmer la danse, parvenant à combiner pure énergie et souplesse, ardeur robotique et smooth attitude, quelque part entre les ballets abstraits de Busby Berkeley et la décontraction affolante d’un Stanley Donen.
De ce point de vue, la 3D se révèle une alliée de choix, mais par la négative : avec des possibilités de coupe limitées, Sexy Dance 3D retrouve la grâce des musicals d’antan, lorsque les mouvements étaient filmés dans leur intégralité.
Dans la plus belle scène du film, la caméra suit ainsi Moose, héros dont l’allure dégingandée évoque celle de Fred Astaire, dansant sur la voix de ce dernier dans une rue de New York, de profil, en quasi plan-séquence. Magique. Et si jamais Daddy Long Legs s’en retourne dans sa tombe, nul doute que ce sera uniquement pour esquisser un swing dont il n’a désormais plus le secret.
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