Une célébration des personnages… et des téléspectateurs de la série. Et les chaussures de Carrie dans tout ça ?
Quoi de plus aberrant que de se lancer dans la version cinéma d’une série télé ? Le téléspectateur, dont le plaisir se nourrit de la relance propre au découpage feuilletonesque, de la proximité familière avec des personnages retrouvés de semaine en semaine, d’un format qui ne dévoilera jamais en une heure trente l’ampleur de ses ambitions, et qui préfère la distillation au long cours, ne peut que se retrouver déçu face au nécessaire rendement concis du format cinématographique. A ce petit jeu de l’impossible adaptation, seuls les films d’action, reprenant des séries d’action (comme Mission: impossible) peuvent tirer leur épingle du jeu, en élargissant tout simplement le champ d’activité par des péripéties déjà hors du commun initialement. Mais quel est l’élargissement possible lorsque le point de départ est une série parlant d’histoires quotidiennes, avec des soucis quotidiens, et des héroïnes elles-mêmes quotidiennes ?
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L’équipe qui a présidé à la version cinéma de Sex and the City a sans doute réfléchi à la question. Plutôt que de doper artificiellement un épisode de la série pour en faire un film, en inventant par exemple des rebondissements qui auraient tendu au maximum le potentiel fictionnel de chaque personnage, c’est un autre principe, plus avisé, qui a été appliqué. Soit faire de l’adaptation cinématographique une simple messe à la gloire des personnages de la série, dont chaque fait et geste est ici non pas l’occasion de nouvelles péripéties, mais d’une convocation du répertoire déjà connu des traits psychologiques de chaque héroïne : la raideur de Cynthia Nixon, la nunucherie de Kristin Davis, etc. Rappeler donc les personnages de la série pour leur offrir une scène digne de ce nom, celle du cinéma, qui leur permet de déployer ainsi une dernière parade. Plus subtilement, et attentif en cela à ce qui définit un téléspectateur, le film célèbre aussi ceux qui ont regardé la série pendant des années en sollicitant à chaque séquence l’assentiment attendri du téléspectateur devenu spectateur. Cette double célébration des personnages et du public de la série installe une cérémonie certes un peu inerte, mais qui a le charme mouillé de l’effusion.
Enfin, une question que certains ne trouveront pas subsidiaire : comment sont les robes, coiffures, bijoux, chaussures, etc. ? Un peu trop dans la veine du pimpant pétaradant, ces accessoires vont à merveille à Kim Cattrall, la Mae West du jour, la seule à donner une vigueur quasi héroïque à un humour de magazine féminin quelquefois étriqué.
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