Sept films de Kubrick (Lolita, 2001 : l’odyssée de l’espace, Orange mécanique, Barry Lyndon, Shining, Full Metal Jacket, Eyes Wide Shut) sont disponibles chez Warner Home Video, dans des copies superbes restaurées et remastérisées, mais accompagnées de maigres bonus, selon la volonté du maître.
Les suppléments se limitent donc au passionnant documentaire de Vivian Kubrick, The Making of Shining, sur un tournage aussi éprouvant que le film, et aux interviews de Tom Cruise, Nicole Kidman et Steven Spielberg (hors sujet) à propos d’Eyes Wide Shut, qui contiennent un moment déjà mythique : les larmes impromptues de Nicole à l’évocation du décès de Stanley Kubrick.
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Hormis le génial Lolita, qui surprend toujours par son audace et son intelligence, la collection se concentre sur la seconde moitié de l’œuvre, celle où le cinéaste accède à la maîtrise parfaite de ses projets, du choix des sujets aux décisions esthétiques, et exerce un contrôle absolu sur chaque étape de l’élaboration des films, grâce à un contrat historique avec la Warner.
Il en résulte une succession de chefs-d’œuvre sidérants par leur imagination visuelle, la perfection de leur mise en scène, l’acuité de leur analyse des angoisses et des comportements humains. Le Kubrick’s cube à sept faces démontre que si chaque nouveau film, à partir de 2001, explore un genre et un univers différents (le futur, le passé, l’horreur, la guerre, le couple), il se construit sur le précédent, Kubrick ayant dès la fin des années 60 cessé de chercher l’inspiration visuelle de ses films ailleurs que dans son imaginaire propre, débarrassé de la tentation de références extérieures (alors que Ultime razzia et Les Sentiers de la gloire sont encore sous l’influence de Welles, Ophuls et surtout Aldrich).
En guise de super bonus, un documentaire de plus de deux heures compris dans le coffret retrace la vie et l’œuvre du cinéaste. Stanley Kubrick : a Life in Pictures, réalisé par Jan Harlan, beau-frère de Kubrick et producteur exécutif de ses derniers films, est une biographie filmée dans la pure tradition anglo-saxonne, c’est-à-dire que les interviews d’acteurs, metteurs en scène et collaborateurs se succèdent par chapitres, entrecoupés d’extraits.
Le film de Jan Harlan est évidemment hagiographique, et tente d’estomper la réputation de tyran ou de reclus du génial cinéaste. Les témoignages vont tous dans le sens d’une humanisation de l’homme et de l’œuvre, même si certains détails ne laissent planer aucun doute sur le caractère très difficile de Kubrick. Il s’agit d’un bon complément à la biographie de John Baxter, les vacheries et les ragots en moins, donc plus proche de la vérité, ou de la version officielle, selon le taux de scepticisme de chacun. Manque à l’appel un réel point de vue analytique sur l’œuvre, envisagée film par film et avec un approfondissement critique.
Olivier Père
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