La campagne pro-tibétaine bat son plein dans les hautes sphères de l’art. Après la chanson La Tibétaine d’Yves Duteil , le film de Jay-Jay Annaud. Mais c’est manifestement une fiction plus ancienne, Tintin au Tibet, qui a servi de référence à Annaud, comme en témoigne le titre de son film. Hélas, la vague ressemblance […]
La campagne pro-tibétaine bat son plein dans les hautes sphères de l’art. Après la chanson La Tibétaine d’Yves Duteil , le film de Jay-Jay Annaud. Mais c’est manifestement une fiction plus ancienne, Tintin au Tibet, qui a servi de référence à Annaud, comme en témoigne le titre de son film. Hélas, la vague ressemblance de Brad Pitt avec le héros d’Hergé et quelques décors sont bien les seuls points communs avec une BD bien plus mélancolique que ce grand spectacle familial. Certes, les news magazine gloseront sur les origines douteuses du personnage réel qui a inspiré l’histoire, Heinrich Harrer, ex-SA et SS autrichien, devenu alpiniste vedette, puis tibétophile. Mais c’est faire trop de cas d’un film franchement fantaisiste à commencer par le fait que Brad Pitt joue le rôle en anglais avec un risible accent teuton. C’est donc bien une BD, mais dénuée de style, où les Tibétains avec lesquels Harrer va passer sept ans sont surtout des objets décoratifs et des faire-valoir de la culture occidentale. Le clou du film est la rencontre attendue entre Harrer et le dalaï-lama encore enfant. Or, au lieu de nous narrer l’initiation du gentil nazi à la mystique tibétaine, Annaud nous montre comment il amuse le jeune chef spirituel en lui narrant les bienfaits du monde industriel. La principale activité d’Harrer à Lhassa sera d’ailleurs de construire une salle de cinéma pour le dalaï-lama. Il ne s’agit donc pas d’échange entre deux cultures, mais bien d’une continuation du colonialisme occidental par d’autres moyens. Alors on trouve un peu gros qu’on veuille nous attendrir ensuite sur une autre colonisation, certes plus brutale : celle des militaires chinois, annexant sauvagement le Tibet en 1950. Mais tout cela ne serait que peccadille si le cinéaste, qui se contente ici de recycler le dispositif spectaculaire du Dernier empereur de Bertolucci, avait quelques idées de mise en scène pour nous faire vibrer. Mais non, macache. Exemple : les scènes d’escalade de l’Himalaya où Harrer manque de laisser sa peau, qui sont banalissimes, dépourvues de suspense. On rêve de ce que Spielberg aurait fait de telles scènes. En attendant, on peut toujours espérer que Scorsese se soit montré un peu plus à la hauteur de ces thèmes himalayens avec Kundun, son prochain film qui traite précisément de la vie du dalaï-lama.
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