D’abord, ne pas se fier au titre qui ferait rosir Barbara Cartland elle-même. Secrets du coeur n’est pas un mélo, mais plutôt un récit d’apprentissage comme on dit en matière de littérature. Toute l’histoire est vue à travers les yeux du petit Javi, 9 ans, qui grandit dans la province espagnole des années 60. Au […]
D’abord, ne pas se fier au titre qui ferait rosir Barbara Cartland elle-même. Secrets du coeur n’est pas un mélo, mais plutôt un récit d’apprentissage comme on dit en matière de littérature. Toute l’histoire est vue à travers les yeux du petit Javi, 9 ans, qui grandit dans la province espagnole des années 60. Au cinéma, ce genre a trouvé une sorte d’étalon or en 1959 avec Les Quatre cents coups de François Truffaut. Comme souvent, la comparaison s’avère cruelle, et il faudra donc tenter d’oublier cet illustre prédécesseur pour apprécier au mieux ces Secrets. Elevés par deux tantes, Javi et son frère retournent pour les vacances de Pâques chez leur mère. La maison familiale intrigue beaucoup Javi, en particulier la chambre où son père a trouvé la mort, et dans laquelle sa mère lui a formellement interdit d’entrer. Voilà la première d’une liste d’interdictions à rallonge que Javi va comme il se doit consciencieusement enfreindre. Dès lors, et pour peu que le spectateur se soit rangé du côté de ce petit bonhomme ingénu, le film offrira une succession réjouissante de temps forts. Javi apprend ainsi le sens du mot « baiser » en voyant son chien s’ébattre avec une congénère en chaleur (une scène très crue qui a motivé l’interdiction du film aux plus jeunes), et n’aura de cesse de demander à ses tantes pourquoi elles-mêmes ne « baisent » pas. Toutes les découvertes du vocabulaire argotique et des gestes qu’il recouvre seront à l’avenant. Alors que dans son précédent film, Histoires du Kronen, jamais sorti en France mais vu à Cannes, le Basque Montxo Armendariz cernait les débordements de la jeunesse dorée madrilène, il s’absorbe ici dans les frustrations et les espoirs d’une province particulièrement isolée. L’essentiel de l’intrigue a lieu hors champ, se dérobant sans cesse au regard du petit héros. Un principe de mise en scène judicieux pour maintenir le spectateur en haleine, parfaitement assimilé par une camarade de classe de Javi. Elle se fait payer à l’avance pour montrer ce qu’il y a entre ses jambes, mais ne remonte pas sa jupe suffisamment haut pour que le mystère soit révélé… De la même manière, il sera impossible de deviner avant la fin du film ce qui est véritablement arrivé au père de Javi. Souffrant sans doute de longueurs, voire d’une mise en scène un peu anonyme, Secrets du coeur laisse cependant l’empreinte d’un film tendre et digne.
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