Scream 2 devrait s’appeler Scream deux fois plus. Non pas qu’on y crie davantage mais parce que Craven et son scénariste Kevin Williamson ont doublé les effets et les clins d’oeil sans que cette avalanche de sens (et cette pluie de sang) ne fasse de Scream 2 un film plus intelligent et réussi que l’original. […]
Scream 2 devrait s’appeler Scream deux fois plus. Non pas qu’on y crie davantage mais parce que Craven et son scénariste Kevin Williamson ont doublé les effets et les clins d’oeil sans que cette avalanche de sens (et cette pluie de sang) ne fasse de Scream 2 un film plus intelligent et réussi que l’original. Seulement un film plus lourd. Scream 2 est programmé de la même manière que Scream et avance sur des rails de scénario, avec quelques variantes et des scènes de substitution. La dimension référentielle (les plaisanteries de cinéphages, la culture de vidéo-club) est encore plus outrée que dans le premier, jusqu’à en devenir agaçante. Cette distanciation ironique par rapport au cinéma d’horreur se veut réflexive et critique, en montrant l’invasion du quotidien par les images impures, le conditionnement de la jeunesse par sa consommation spectaculaire. Elle se révèle finalement cynique et opportuniste. Car derrière les citations appuyées, le scénariste Kevin Williamson ne fait que répéter, sans grande subtilité, les schémas narratifs des plus mauvais psycho-killers, auxquels Scream 2, malgré son côté « je pense, donc je suis », finit par ressembler. Scream avait créé un formidable effet de surprise qui faisait fermer les yeux sur la roublardise de l’entreprise. Scream 2 n’est que roublard. C’est regrettable, car Craven et son scénariste, s’ils avaient choisi une orientation précise, au lieu de multiplier les fausses bonnes idées et les considérations superflues sur le cinéma et la violence, auraient pu faire un grand film d’horreur. Exemple : un couple va voir Stab, un film d’horreur inspiré des événements sanglants relatés dans Scream. Ils seront poignardés pendant la projection. Plus tard, on aperçoit à la télévision des extraits de Stab, avec des acteurs interprétant les rôles de Drew Barrymore ou Neve Campbell. Ce postulat de film gigogne laissait présager un film original sur le vertige de la sérialité et du clonage. Mais l’idée est complètement sous-exploitée, abandonnée en cours de film. Par contre, Williamson a la main vraiment trop lourde lorsque la jeune héroïne répète dans son campus une tragédie grecque, dans laquelle les comédiens amateurs portent des masques qui rappellent celui du tueur. Ce symbolisme lourdingue finit par déteindre sur la mise en scène de Craven, moins élégante et brillante que dans Scream. Scream 2 devrait s’appeler Scream deux fois trop.
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