L’actrice s’est exprimée lors de l’“Oscar Actress Roundtable”, où elle et plusieurs autres actrices ont parlé, entre autres, du syndrome de l’imposteur, des auditions dans des chambres d’hôtel et de la représentation des femmes.
A l’occasion de l’“Oscar Actress Roundtable”, comme le rapporte The Hollywood Reporter, Scarlett Johansson a évoqué l’hypersexualisation dont elle a fait les frais au début de sa vingtaine. Evoquant les rôles qu’elle a eus en tant qu’adolescente et jeune femme, l’actrice a notamment expliqué : “Je crois que lorsque je travaillais au début de la vingtaine et même à la fin de l’adolescence […], j’ai eu l’impression d’avoir été en quelque sorte cataloguée. J’étais très sexualisée, ce qui, à ce moment-là, semblait acceptable pour tout le monde. C’était une autre époque.”
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Elle ajoute ensuite : “Même si cela ne faisait pas partie de mon propre récit, il a été conçu pour moi probablement par une bande de gars de l’industrie. Et je suppose que ça a marché à l’époque, mais c’était vraiment difficile pour moi d’essayer de trouver comment sortir du rôle de l’ingénue ou de « l’autre femme », parce que ça n’a jamais été ce que j’avais prévu.”
Le fait d’être hypersexualisée a même amené l’actrice à penser à poursuivre une carrière différente dans l’industrie qui serait plus “épanouissante” parce qu’il semblait qu’il n’y avait, selon ses mots, “nulle part où aller.”
Des rôles très sexualisés, notamment chez Woody Allen
Actrice très demandée, Scarlett Johansson est effectivement apparue sexualisée dans plusieurs rôles, notamment dans les films de Woody Allen dont elle a été la muse dans les années 2000. On se souvient d’elle par exemple, tout en blanc (qui rappelle la figure de l’ingénue), tenue par la taille par un Jonathan Rhys-Meyers la dévorant des yeux lors d’une partie de ping-pong dans Match Point. Il y a également les regards insistants de son personnage à Javier Bardem dans Vicky Cristina Barcelona, mais aussi et surtout ses formes surlignées d’un maillot de bain rouge tandis qu’elle sort de la piscine dans Scoop, où son personnage Sondra enquête sur le richissime Peter Lyman.
L’actrice a ensuite parlé de son affection pour le théâtre en évoquant sa participation à la pièce jouée à Broadway A View From the Bridge du dramaturge américain Arthur Miller, qu’elle a jouée en 2009. Cette expérience a, selon elle, “complètement réinventé [sa] façon de penser, à la façon dont [elle] pourrait travailler et aux différents types d’opportunités qui pourraient [lui être] offertes”. “C’est incroyable comme le théâtre est illimité”, a-t-elle ajouté lors de la table ronde.
“Même si c’était terrifiant, c’était libérateur parce que je sentais que chaque soir j’avais l’occasion de changer le récit.” Sa performance lui avait d’ailleurs valu un Tony Award.
Scarlett Johansson a ensuite expliqué que la situation avait tout de même beaucoup changé ; pour elle, le climat est très différent aujourd’hui. “Il y a tant de magnifiques possibilités pour les femmes de tous âges de jouer tous types de personnes”, a-t-elle déclaré, comparant cela notamment aux rôles de sex-symbols qui lui ont été proposés au début de sa carrière – rôles qui ont depuis, bien sûr, évolué.
Un sujet étudié par de nombreuses chercheuses à l’université
La représentation des femmes au cinéma et la notion désormais bien connue de male gaze ont été étudiées plusieurs fois par les universitaires, et notamment des chercheuses britanniques et américaines. C’est au début des années 1970 que les recherches sur le sujet ont pris leur essor, notamment avec l’essai « Visual Pleasure and Narrative Cinema » de Laura Mulvey – qui a développé la notion de male gaze pour la première fois. Pour en savoir un peu plus sur la question, les livres From Reverence to Rape de Molly Haskell, Technologies of Gender et Alice Doesn’t de Teresa de Lauretis, The Monstrous-Feminine de Barbara Creed et Popcorn Venus de Marjorie Rosen, bien qu’assez exigeants (et pour la plupart seulement disponibles en anglais), apportent chacun des regards passionnants sur la représentation des femmes dans les films.
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