Ouvrière solitaire de la banlieue parisienne, femme entre deux âges, Christiane file des jours gris dans une triste HLM avec vue de choix sur un cimetière. Un beau matin, après quarante ans d’exil, elle retourne passer quelques jours dans la région de son enfance. Son village natal est enfoui depuis longtemps dans la vase du […]
Ouvrière solitaire de la banlieue parisienne, femme entre deux âges, Christiane file des jours gris dans une triste HLM avec vue de choix sur un cimetière. Un beau matin, après quarante ans d’exil, elle retourne passer quelques jours dans la région de son enfance. Son village natal est enfoui depuis longtemps dans la vase du fond d’un lac, suite à une inondation. Christiane arpente la belle campagne morvandelle, tourne inlassablement autour de ce satané lac qui a englouti son passé et s’interroge : comment reconstruire sa mémoire ? comment refaire le lien entre elle-même et la fille qu’elle était ? qu’a-t-elle fait de ses rêves ? Ce moyen métrage, troisième film de l’inconnu Dominique Déhan, est intéressant par ce travail sur le temps et sur les lieux, essence de l’art cinématographique. Dommage que Déhan ait voulu mélanger les genres, créant des ruptures humoristiques qui déboulent comme des cheveux dans la soupe : les dialogues vaguement surréalistes sur un « ouvre-boîte de mauvaise humeur » ou bien cette scène où Christiane n’arrive pas à éteindre ses lampes de chevet tombent à plat parce qu’ils s’insèrent mal dans la tonalité élégiaque et intérieure du film. Le regard du réalisateur sur les éléments principalement l’eau, mais aussi les forêts, le ciel est beaucoup plus convaincant. Déhan distille çà et là quelques superbes plans oniriques : une maison vide à moitié envahie par les eaux ; une poule perchée sur le coq d’un clocher qui émerge du lac comme un iceberg de l’océan ou comme ce bon vieux refoulé qui surgit du fond de l’inconscient. Le passé finira par se matérialiser selon un processus que l’on ne dévoilera pas. Mais grâce à ce lien renoué avec elle-même, Christiane affrontera peut-être plus sereinement le cimetière sous ses fenêtres, ou son mesquin chef d’atelier elle renaîtra un peu dans sa vie enterrée.
Pas entièrement réussi mais recelant de vrais et beaux moments de cinéma, ce film de 45 minutes sort en exclusivité à l’Espace Saint-Michel, place Saint-Michel, Paris Ve
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