Alors qu’elle est à l’affiche cette semaine de Romaine par moins trente en espèce de Bécassine au Québec, retour sur la trajectoire de Sandrine Kiberlain, de la call girl garçonne des Patriotes et la femme en fuite de Laetitia Masson à ses singulières prestations comiques chez Bonitzer, Salvadori ou Jacquot.
1994
Les Patriotes de Eric Rochant
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Après avoir fréquenté le cours Florent et le Conservatoire, la jeune Sandrine enchaîne de petits rôles sans conséquences (dans des films de Francis Huster, Sophie Fillières, Véra Belmont, Benoît Jacquot, etc.). A 26 ans, elle se démarque enfin grâce à son interprétation d’une call-girl piégée par le Mossad dans Les Patriotes, face à Yvan Attal. Son physique atypique (à plusieurs reprises, on lui a conseillé de se faire refaire le nez) et son interprétation légère d’un personnage difficile lui ouvrent la cour des grands. Elle est nommée pour le César du meilleur espoir féminin – qu’elle ne remportera que l’année suivante pour En avoir (ou pas).
1995
En avoir (ou pas) de Laetitia Masson
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Pour son premier long métrage, la réalisatrice Lætitia Masson lui confie le rôle principal. Un succès critique et public. Cette première collaboration réussie se transformera en la trilogie « Une femme en fuite » : après avoir campé une petite ouvrière au chômage, paumée et à l’allure maladroite, l’actrice s’intéressera à l’argent dans A vendre et à l’amour dans Love me (avec Johnny Hallyday). Lætitia Masson dit de Sandrine Kiberlain : « C’est comme s’il y avait en elle quelque chose qui demande à être toutes les femmes »… Un peu commune, finalement ?
1996
Un héros très discret de Jacques Audiard
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Sandrine étrenne ses galons d’actrice qui monte dans le second film de Jacques Audiard (après Regarde les hommes tomber) où elle interprète l’épouse de Mathieu Kassovitz (dont on parle beaucoup depuis la sortie de La Haine un an plus tôt). Présenté à Cannes et Prix du meilleur scénario, le film s’en sort bien. Quant à Sandrine , elle remplit – assez banalement – son rôle de gentille femme face à un homme banal qui au dernières heures de la Résistance s’invente une vie admirable. Et la voilà encore nommée aux César, cette fois dans la catégorie Meilleur second rôle.
1997
Le Septième ciel de Benoît Jacquot
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Face à Vincent Lindon, Sandrine joue ici l’épouse modèle mais malheureuse dans son couple faute d’y rencontrer l’orgasme – et en quête de remède, de la cléptomanie à l’hypnose. Mais plus encore que le pendule de François Berléand, c’est elle qui est hypnotique tant le film fait de sa trajectoire et de son traitement le centre de son récit, malicieusement partagé entre fiction psychanalytique et comédie de remariage. A la suite du film, elle récolte la première de ses deux nominations pour le César de la meilleure actrice, avant celle, l’année suivante, que lui vaudra A vendre de Laetitia Masson.
1999
Rien sur Robert de Pascal Bonitzer
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Habilement dirigée par Bonitzer qui lui confie des dialogues ciselés et s’amuse à lui faire jouer et rejouer la crudité provocatrice des confessions sexuelles au compagnon Fabrice Lucchini qu’elle trompe avec l’amant Edouard Baer, Sandrine incarne délicieusement la fantasque libraire Juliette dans cette comédie parisienne à l’écriture et au casting épatants.
2000
La Fausse suivante de Benoît Jacquot
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Avec Isabelle Huppert, Mathieu Amalric et Pierre Arditi, Sandrine réinvestit le genre costumé (qu’elle avait déjà endossé quatre ans plus tôt dans Beaumarchais, l’insolent) dans ce film adapté de Marivaux qu’elle a désiré au moins autant que son réalisateur Benoît Jacquot. Par la grâce d’un tricorne, elle joue même les sensuels chevaliers afin de lier connaissance avec son prétendant… qui avoue n’être intéressé que par sa dote. Cette comédie dramatique signe les retrouvailles réussies de Jacquot et de la comédienne, après son petit rôle dans Emma Zunz en 1992 et Le Septième ciel en 1997.
2001
Betty Fisher et autres histoires de Claude Miller
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Alors qu’elle avait plutôt tendance à se cantonner désormais dans des comédies et des rôles légers, Claude Miller passe par là. Le cinéaste propose à l’actrice un drame qui lui permettra de faire enfin ses preuves dans un autre registre… Si le film ne s’éloigne guère d’un postulat schématique aux ficelles convenues, en jeune mère névrosée qui doit affronter la disparition de son fils et l’irruption dans sa vie d’un autre enfant, Betty Fisher reste l’une des performances de Sandrine parmi les plus abouties et les plus poignantes.
2005
Après vous… de Pierre Salvadori
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Son rôle le plus émouvant, Sandrine le trouve peut-être paradoxalement dans cette fine comédie d’amours triangulaires contrariés qui lui réserve une superbe scène d’apparition et la ballotte entre la dépression de José Garcia et la culpabilité de Daniel Auteuil.
2007
Très bien, merci de Emmanuelle Cuau
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Après s’être essayée avec une certaine réussite à la chanson, Sandrine revient à un registre inquiétant qui l’éloigne des comédies dont elle faisait son ordinaire depuis quelques années. Elle y livre une composition blanche, intense, au diapason de ce beau film d’Emmanuelle Cuau (le premier en treize ans !) où elle accompagne un excellent Gilbert Melki dans sa dérive à travers les rouages impitoyables d’une société ultrasécuritaire.
2009
Romaine par moins 30 de Agnes Obadia
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Treize ans après un premier volet solaire des aventures de Romaine, Agnès Obadia ressuscite son personnage et, plutôt que de l’incarner, le cède cette fois à Sandrine Kiberlain. Il s’agit cette fois de confronter ce personnage de simili-Bécassine au grand froid canadien, et Sandrine y rayonne avec ses qualités de pétillance propres, tout en singularité et en résistance à la mécanique comique de l’écriture du film.
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