Rencontre avec le comédien australien derrière le personnage de Jake Sully dans “Avatar”, à l’occasion de la sortie du deuxième volet.
En 2009, Sam Worthington était un visage inconnu pour la plupart des spectateur·trices qui le découvraient dans Avatar. Il avait, certes, un début de carrière en Australie et on avait pu, quelques mois avant la sortie du film le plus rentable de l’histoire, l’apercevoir dans le Terminator le plus mauvais de la saga (Renaissance). Pas de quoi sauter au plafond. On a, depuis, appris que le rôle de Jake Sully avait d’abord été proposé à Matt Damon, mais que face au refus de ce dernier, James Cameron avait décidé de caster un relatif inconnu. Quelqu’un de vierge, une pâte qu’il pourrait modeler à sa guise… Treize ans plus tard, s’il est vrai que l’acteur a largement étoffé son CV avec une vingtaine de rôles, aucun n’a vraiment marqué (indépendamment de leur qualité), et on serait bien en peine d’en citer plus que trois, de mémoire. À 46 ans, Sam Worthington, c’est un fait, est avant tout Jake Sully — c’est-à-dire essentiellement un masque numérique bleu, qu’il devrait, si tout se passe bien et que les recettes sont à la hauteur des attentes, porter jusqu’en 2028, lorsque sortira le cinquième épisode de la saga. Rencontre à Los Angeles avec ce comédien modeste et, de son propre aveu, chanceux.
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Qu’est-ce qui a différé dans le tournage du second Avatar, comparé au premier, il y a 13 ans ?
S.W — Le truc de Jim (James Cameron), c’est de repousser les limites. Constamment. Cette fois-ci, son défi était d’utiliser la motion / performance capture sous l’eau. Ce qui pose des questions complexes à toute l’équipe, aux techniciens comme aux acteurs, auxquelles il nous a fallu des années pour répondre. Ensuite, Jim a souhaité étendre son histoire, la rendre plus complexe. Il y a de nouveaux personnages, de nouvelles dynamiques entre eux, de nouveaux lieux à découvrir sur Pandora… Et cela ne va faire que se complexifier à mesure qu’on avancera dans la saga — si on a la chance d’aller au bout des cinq épisodes, comme prévu.
Concrètement, qu’est-ce qui est si difficile dans le fait de tourner sous l’eau ? Quelle est la nouveauté ici ?
Avatar 2: La Voie de l’eau n’est pas le premier film avec des scènes sous-marines, mais c’est, premièrement, le premier à en avoir autant, deuxièmement, le premier où les acteurs doivent y jouer des émotions, sur de longues durées, exactement comme s’ils étaient à l’air libre. Donc concrètement, on a dû apprendre des techniques d’apnée pour tenir 5, 6 voire 7 minutes à des profondeurs importantes et rester parfaitement maîtres de nos corps et de nos visages. Kate (Winslet) était vraiment impressionnante, moi j’ai eu plus de mal ! C’est, honnêtement, la chose la plus difficile que j’ai jamais eue à faire.
Depuis la sortie du premier film, la question écologique est devenue encore plus pressante, plus urgente. Comment avez-vous abordé le sujet dans ce film?
Dans le premier Avatar, Jake Sully dit : “Ouvrez les yeux”. Tôt ou tard, il faut se réveiller. C’était l’idée du film : nous éveiller au monde, à cette autre culture. Dans celui-ci, l’éveil est déjà fait et il s’agit désormais de protéger ce qui peut l’être. Protéger sa famille, sa communauté, son environnement — et ici l’océan en particulier, pour lequel Jim a eu une passion. Il a toujours été un réalisateur prophétique. Dans Terminator, par exemple, il avait anticipé les dangers de la technologie si on la laisse entre de mauvaises mains. Cette fois-ci, il nous montre ce qui adviendra si on laisse le profit détruire l’environnement. Mais il ne le fait jamais de façon moralisatrice. Il nous montre concrètement, sensiblement, de façon immersive, ce que ça veut dire de perdre son habitat, sa famille. Je pense que tout ça va résonner avec le public, parce que, comme vous l’avez dit, en treize ans, ce danger n’a fait que se rapprocher.
Vous étiez au fond du trou, n’est-ce pas, quand vous avez rencontré James Cameron et qu’il vous casté pour le premier Avatar ? Quand vous y repensez, que vous dites-vous ?
Que c’était le destin ! Je me dis que toute ma vie a été guidée par cette rencontre. J’ai commencé à aller en cours d’acting pour suivre une fille dont j’étais amoureux. J’ai passé une audition, j’ai été pris, pas elle — fin de notre relation. En sortant de cette école, je ne savais pas quoi faire, car l’industrie du cinéma en Australie est minuscule. Mais j’ai eu de la chance et j’ai été pris dans un film. Et de fil en aiguille, je me suis retrouvé aux Etats-Unis à faire un film avec Bruce Willis et Colin Farrell (Mission Evasion, en 2002). C’était un petit rôle, amusant mais je ne savais pas ce que je faisais. Je suivais le flot. Puis j’ai eu des rôles plus importants en Australie, ma carrière commençait à décoller mais… à 29 ans, je me suis regardé dans le miroir, et je me suis dit : “Mais pourquoi tu fais ça, au fait ?”. Je n’avais pas de réponse. Alors, j’ai décidé de reprendre à zéro. J’ai tout vendu. Sauf ma voiture, dans laquelle j’ai vécu quelque temps. Et là, miracle, j’ai passé cette audition sans savoir pour quoi c’était, de mauvaise humeur, et j’ai été rappelé. Ensuite Jim m’a fait venir à Santa Monica pour passer du temps avec lui, apprendre à nous connaître, m’expliquer sa vision d’Avatar. J’ai alors compris que je rencontrais quelqu’un d’important et que ma vie ne serait plus jamais la même.
Avatar 2: La Voie de l’eau de James Cameron, avec Sam Worthington, sortie le 14 décembre.
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