Ruggero “Monsieur Cannibale” Deodato, cinéaste italien et réalisateur du controversé et censuré “Cannibal Holocaust”, est décédé ce 29 décembre 2022, à l’âge de 83 ans.
Avant d’être un cinéaste de films d’horreur, Ruggero Deodato a démarré sa carrière dans la figuration, chez Domenico Paolella (Il coraggio, 1955) ou encore dans I ragazzi dei Parioli de Sergio Corbucci, en 1959. Roberto Rossellini l’engagera ensuite en tant qu’assistant-réalisateur sur deux de ses films : Le Général Della Rovere (1959) et Vive l’Italie (1961).
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Il passera à la réalisation en s’essayant à de nombreux genres : le musicallero (Donne, botte e bersaglieri, 1968), le western (I quattro del pater noster, 1969), ou même la comédie érotique la même année, avec Faut pas jouer avec les vierges. Après un détour par la télévision et la publicité, il fera un grand retour au cinéma avec un giallo puis un poliziottesco (Ondata di piacere en 1975, puis Uomini si nasce poliziotti si muore en 1976).
Mais c’est en 1977 qu’il entre dans les mémoires, avec Le Dernier Monde cannibale. Ce qui devait être la simple suite du film Au pays de l’exorcisme d’Umberto Lenzi, devient le premier film à mettre en scène des actes de cannibalisme en Italie, et inaugure sa “trilogie cannibale”.
“Monsieur Cannibale”
Avec son deuxième volet Cannibal Holocaust, le film scandalise et subit la censure : une rumeur laissait penser que les acteur·trices avaient réellement été mangé·es durant le tournage. En 1980, les scènes explicites et violentes (castration, amputation, viols) choquent les spectateur·trices, et le film est rapidement classé X dans de nombreux pays. Ruggero Deodato passera à la télévision accompagné de ses acteur·trices, pour mettre fin à ses rumeurs et prouver que son casting est toujours vivant.
En revanche, des animaux ont bel et bien été tués durant le tournage. Si le réalisateur répondra dans un premier temps que “les quotas de chasse avaient été respectés”, il reviendra sur ses propos et déclarera par la suite regretter leur mort.
Une carrière dans l’horreur
Ruggero Deodato n’attendra pas de conclure sa trilogie cannibale (en 1985, avec Amazonia : La Jungle blanche) pour explorer les différents genres du cinéma. Il réalisera un giallo, La Maison au fond du parc, un slasher en 1986 avec Body Count, mais aussi des films d’aventures et de heroic fantasy.
Prolifique jusqu’au début des années 1990, il réalise le giallo La Machine à laver en 1993, son avant-dernier film. Il reviendra une dernière fois derrière la caméra en 2016 avec Ballad in Blood, un giallo inspiré du meurtre de Meredith Kercher, survenu en Italie en 2007.
À travers sa filmographie, il a interrogé la pertinence du modèle capitaliste et partagé son scepticisme à l’encontre des médias de masse et la violence de manière générale. L’une des scènes les plus mémorables de son cinéma demeure celle d’introduction à Cannibal Holocaust, dans laquelle un journaliste à la télévision parle de tribus cannibales et illustre ses propos avec des plans tournés à New York, montrant immeubles et métros. L’horreur à son paroxysme.
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