Le troisième film d’animation hollywoodien de ce début d’été n’est pas le plus original et ne sera clairement pas le plus commenté, mais il est sans doute le plus équilibré.
Coincé entre le conte philosophique gentillet de chez Pixar (le bien nommé car franchement plan-plan Élémentaire) et l’avant-gardisme débridé mais migraineux d’Across the Spider-Verse, Ruby, l’ado Kraken pourrait a priori passer pour le non-événement de la saison animée – mais tout aussi bien y constituer une troisième voie assez respectable.
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Élève du lycée Oceanside High, Ruby est une adolescente raisonnablement encombrée d’angoisses de son âge (elle perd ses moyens devant son crush aux cheveux de grand fauve, mais s’épanouit dans son groupe d’inséparables nerds plutôt bien brossés). Elle cache cependant un terrible secret : elle et sa famille sont des krakens échappés des océans, cachés parmi des humains dont ils sont parvenus à adopter l’apparence.
Naïveté primitive et revendiquée
Une chute accidentelle dans la mer va réveiller l’ADN de Léviathan de la jeune fille, qui va découvrir son gigantisme dans une évidente métaphore de la puberté, non sans rappeler celle d’Alerte rouge des studios Pixar sorti l’an dernier. À la différence près que Ruby, l’ado Kraken reste circonscrit à une enclave imaginaire empreinte d’une naïveté primitive et revendiquée, entre un décor de teen movie archétypal et une humeur de dessin animé télévisé du matin à ambiance littorale (La Famille pirate…).
Du récit d’aventures à la chronique lycéenne (finalement assez reléguée), tout ici est scolaire et conforme à une certaine esthétique très années 2000 (un univers en caoutchouc, rebondi, élastique et impeccablement propre), mais ce formatage est d’un centrisme assez bienvenu : ni obsédé par un futurisme esthétique, ni arc-bouté sur les schémas passés d’un patrimoine disneyen obsolète, mais simplement appliqué à une parabole coming of age de son temps.
Ruby, l’ado Kraken, de Kirk DeMicco et Faryn Pearl, studios DreamWorks, en salles le 28 juin
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