De retour des États-Unis, Roxane Mesquida est à l’affiche de “Méduse” de Sophie Lévy. Elle évoque avec nous ses futurs projets en France.
C’est dans son salon parisien, lumières tamisées, que Roxane Mesquida nous reçoit virtuellement en ce mercredi soir de première. Lorsque la sonnerie du zoom retentit, elle vient juste de rentrer d’une séance de questions-réponses après la projection du beau premier long-métrage de Sophie Lévy, Méduse, dont elle partage l’affiche avec Anamaria Vartolomei et Arnaud Valois.
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Il est tard et tout le monde dort déjà dans son “petit appartement” du 20e arrondissement de Paris, où elle a élu domicile il y a quelques mois après treize années passées à Los Angeles — d’où nous l’appelons nous, ironiquement, en plein milieu de l’après-midi.
“J’adore ce quartier, c’est un vrai petit village où je croise par hasard quelqu’un que je connais tous les jours, j’avais oublié cette sensation”, affirme-t-elle avec la ferveur des néo-convertis, sans avoir tout à fait renoncé à la mégalopole californienne où elle garde beaucoup d’attaches. “J’aime encore beaucoup L.A., mais c’est une ville plus froide – humainement, pas climatiquement –, où l’isolement s’est accentué après le Covid-19”, explique-t-elle. “Il devenait très difficile de voir des gens, même les amis. Les auditions se font désormais par zoom, et c’est vraiment quelque chose que je déteste.”
Retour en France
Alors cet été, Roxane Mesquida et son mari Frédéric Da (réalisateur franco-américain) ont fait leurs valises et sont revenus au pays. “Le cinéma français me manquait, pour être honnête. Il y a ici une liberté qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Et même si on m’y proposait régulièrement des rôles, je sentais bien que j’étais ‘loin des yeux, loin du cœur’…”
Elle était en fait déjà rentrée temporairement en 2018 pour tourner Méduse. “Je connais Sophie [Lévy] depuis dix ans en fait”, précise-t-elle. La cinéaste lui avait à l’époque envoyé un premier scénario pour lequel elle avait eu “un coup de foudre”, mais qui était “très compliqué” à financer. “On n’a depuis jamais cessé de se voir, à chaque fois que je revenais en France. Un jour, je lui ai demandé pourquoi elle n’écrivait pas quelque chose de plus simple, et quelques mois plus tard je recevais ce nouveau scénario, magnifique.” Produit par Frank Annese (patron du groupe SoPress), tourné pour un tout petit budget dans un lieu unique, Méduse a été pour l’actrice “comme une bulle où [elle a] perdu le repère du temps”.
Travailler avec Sophie Lévy
Elle a particulièrement aimé la méthode de Sophie Lévy : “Elle intellectualise avant le tournage mais pas pendant. Elle ne te parle pas du passé ou de la psychologie du personnage pendant trois heures…” Une approche similaire à celle des cinéastes avec lesquel·les elle a préféré travailler : Gregg Araki (qui l’a lancée aux États-Unis avec Kaboom en 2010, avant de la retrouver dix ans plus tard dans la série Now Apocalypse), Quentin Dupieux (dans ses années L.A., Rubber en 2010 et Wrong Cops en 2013), Philippe Grandrieux (Malgré la nuit en 2016, la dernière fois qu’on avait vu Mesquida sur grand écran), et bien évidemment Catherine Breillat, qui lui a donné goût au cinéma.
“C’est elle qui m’a fait naître comme actrice, elle qui m’a ouvert les yeux sur cet art”, lance-t-elle avec un enthousiasme non feint. “Avant de faire À ma sœur (2001) et Sex is Comedy (2002), j’avais déjà tourné [pour Manuel Pradal et Benoît Jacquot], mais je ne me voyais pas comme une actrice. C’est plus un hobby.”
Elle la retrouvera une troisième fois en 2007, pour jouer l’épouse éplorée Hermangarde de Polastron dans Une vieille maîtresse. Et elle s’avoue, encore aujourd’hui, “intimidée” lorsqu’elle la croise, par exemple lors de l’avant-première de Méduse, comme on peut l’être avec un mentor qu’on espère ne pas décevoir – une vieille maîtresse, mais cette fois au sens éducatif du terme.
Bientôt derrière la caméra
Depuis 2016 et ce film hallucinant de Grandrieux, les cinéphiles avaient quelque peu perdu la trace de Mesquida, qui a pourtant travaillé continuellement, “mais pas que dans des bons films”, admet-elle, ou bien dans des films pas sortis en France (comme Burning Shadow d’Alexandre Nahon). Deux enfants en bas âge l’ont par ailleurs tenue éloignée des plateaux quelque temps.
Si elle compte toujours jouer la comédie, elle entend aussi passer derrière la caméra. “Mais pas pour me donner un rôle comme plein d’actrices après un certain âge. Je ne serai même pas dans mon film !”, s’exclame-t-elle d’un air malicieux, elle sur qui le temps semble n’avoir pas d’effets. “Non, c’est simplement que la place du ou de la cinéaste est celle que j’ai toujours enviée. C’est d’abord elleux que j’admire, plus que les acteurs·rices”. Écrit et en cours de financement, le film racontera “une relation fusionnelle entre une mère et son fils” – une histoire personnelle mais pas autobiographique, qu’on lui souhaite de pouvoir tourner vite.
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