Internée dans une institution médico-sociale, Rosie, adolescente de 13 ans, revoit la pauvre et courte vie qui l’a menée jusque-là : un père qu’elle n’a pas connu, une mère peu présente et pas très affectueuse, un quotidien grisâtre entre briques rouges, usines métalliques et ciel plombé. Dans cet univers de la désespérance ordinaire, Rosie ne […]
Internée dans une institution médico-sociale, Rosie, adolescente de 13 ans, revoit la pauvre et courte vie qui l’a menée jusque-là : un père qu’elle n’a pas connu, une mère peu présente et pas très affectueuse, un quotidien grisâtre entre briques rouges, usines métalliques et ciel plombé. Dans cet univers de la désespérance ordinaire, Rosie ne connaît qu’un seul rayon de soleil, Jimi, joli et gentil garçon du voisinage. Premier film de Patrice Toye, réalisatrice belge flamande, Rosie fait un peu penser à La Promesse des frères Dardenne, décliné au féminin : même ancrage social, même belgitude morose, même point de vue de l’enfant, le lien mère/fille remplaçant ici la relation père/fils… Sauf que le film des Dardenne est un chef-d’oeuvre et que Rosie est loin de posséder la même précision de trait, la même énergie du plan et du montage, le même sens de l’ellipse fulgurante et du non-dit fécond. Patrice Toye affiche trop fort son sujet et trop vite ses intentions : moins rigoureuse et tendue que celle des Dardenne, sa mise en scène alourdit et délaie le matériau scénaristique (déjà chargé) au lieu de le transcender et de l’aiguiser, s’en remet le plus souvent à un « loachisme » approximatif et peu passionnant. Pourtant, admettons qu’il serait injuste de ne juger Rosie qu’à l’aune de La Promesse, le film de Patrice Toye n’étant pas dénué d’intérêt et recelant quelques qualités qui lui sont propres mais qui ne surgissent malheureusement que par à-coups : par exemple dans la scène où Rosie kidnappe provisoirement un bébé qui génère une tension malaisante, ou bien dans la façon différée dont est dévoilée la profession de la mère de Rosie (elle est infirmière alors qu’on croit pendant un moment qu’elle est prostituée), ou encore dans l’incertitude sur le statut de Jimi (personnage réel ou construction mentale de Rosie ?). Autre signe du talent de Patrice Toye : son rapport aux actrices. La cinéaste a bien choisi ses comédiennes, elle les a aussi bien dirigées et bien regardées. Sous la caméra de Patrice Toye, Sara De Roo et Aranka Coppens sont de jolies révélations. La beauté défaite de l’une, l’étrange mélange femme/enfant de l’autre constituent le véritable foyer de ce film imparfait mais loin d’être anodin.
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