Qu’il soit plutôt acteur ou réalisateur, orienté auteur ou tête de proue commerciale, en uniforme militaire ou en marin, en tapin ou en robe (comme cette semaine dans Commis d’office), Roschdy Zem s’est imposé parmi les plus solides et versatiles acteurs d’ici. Retour sur son parcours, de Téchiné à l’affaire Omar Raddad.
1991
J’embrasse pas d’André Téchiné
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» J’ai grandi à Bobigny : dans ce coin-là, si tu dis que tu veux devenir acteur, tout le monde se fout de ta gueule ». De fait, malgré des cours de théâtre qui le menèrent à faire de la figuration, à 22 ans, dans Les Keufs de Josiane Balasko et à se produire quelques fois sur les planches, c’est en vendeur de jeans sur les marchés qu’il est repéré par un assistant de Téchiné, qui lui offre un petit rôle. Il interprètera donc un jeune gigolo dans J’embrasse pas, aux côtés de Manuel Blanc, Emmanuelle Béart et Philippe Noiret. Cette collaboration réussie entre le réalisateur et l’acteur en herbe sera suivie de Ma saison préférée (1993) puis Alice et Martin (1998)… mais toujours pour des personnages secondaires.
1996
N’oublie pas que tu vas mourir de Xavier Beauvois
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La trentaine est plus profitable que la vingtaine pour Roschdy : il décroche deux rôles considérables. Après Laetitia Masson et En avoir (ou pas), c’est dirigé par Xavier Beauvois qu’il se charge de la difficile interprétation du drogué Omar de N’oublie pas que tu vas mourir. Au départ, le rôle ne devait pas lui revenir : Beauvois avait engagé un vrai toxico, mais a dû le virer. Roschdy est vif, vrai sans tomber dans la caricature, et se fait enfin remarquer par le public. Sa carrière démarre, il se met à enchaîner les tournages… Il était temps.
1998
Ceux qui m’aiment prendront le train de Patrice Chéreau
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Avec Patrice Chéreau et face à Pérez , Trintignant, Greggory ou Berling, Roschdy poursuit sa carrière sous le signe du cinéma d’auteur : « J’ai eu la chance de commencer avec Téchiné, ce qui m’a permis de m’intégrer dans une famille d’auteurs. Si j’avais débuté avec Zidi, ça m’aurait sans doute aiguillé vers une autre famille. Au début, c’est la chance. Après, ça devient un choix. » Et Ceux qui m’aiment prendront le train, allégorie de la société française à travers différents personnages se rendant à un enterrement, profite d’un bon accueil en salle. Chéreau remporte même le César du Meilleur réalisateur.
1999
Ma petite entreprise de Pierre Jolivet
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Deux ans plus tard, c’est au tour de Roschdy d’être nommé aux César, pour le Meilleur second rôle. Drôle, il se débrouille plutôt bien dans cette comédie sociale qu’est Ma Petite entreprise, venant en aide à son ami Vincent Lindon pour une arnaque à l’assurance. Un succès retentissant – et pas seulement grâce à la chanson de Bashung. Mais l’académie des César préférera à Roschdy l’acteur François Berléand, qui remportera la statuette pour le même film… En tout cas, cette deuxième collaboration avec Pierre Jolivet (après Fred en 1997), se poursuivra avec Filles uniques en 2003 et La Très très grande entreprise en 2008.
2000
La Ville de Yousry Nasrallah
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Dans l’une de ses rares incursions hors du cinéma français, Roschdy tient un beau rôle secondaire dans ce film débridé, tourné en vidéo digitale, trituré d’allers et retours entre Paris et Le Caire, conte mi-comédie musicale, mi pamphlet politique, réalisé par l’Egyptien Yousry Nasrallah, talentueux ex-assistant de Chahine.
2004
Ordo de Laurence Ferreira Barbosa
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Dans cette transposition semi-réussie au cadre franchouillard d’un court et génial récit de Westlake sur la métaphysique des images et les mythologies qui en découlent, il interprète avec excellence le rôle-titre, celui d’un marin à la vie désaffectée qui croit reconnaître en une starlette de cinéma celle qui fut fugacement et sous un autre nom son épouse vingt ans plus tôt – la falote Marie-Josée Croze.
2005
Le Petit lieutenant de Xavier Beauvois
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Presque dix ans après N’oublie pas que tu vas mourir, Roschdy retrouve Beauvois, avec autrement plus de bouteille. Cette fois à la place de l’ancien (du commissariat), il campe au sein d’un remarquable casting de seconds rôles (Nathalie Baye, Antoine Chapey, Beauvois lui-même) l’un des gros bras de la brigade de police qui accueille le « petit lieutenant » Jalil Lespert.
2006
Indigènes de Rachid Bouchareb
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Après le prix de gros reçu à Cannes par la bande d’acteurs, le film demeurait passionnément ambitieux et prometteur à sa sortie dans une actualité postcoloniale particulièrement traumatisante. Mais dans un film où Bouchareb s’égare à traiter des sujets de société d’aujourd’hui sans penser à 1943, seul son ami Sami Naceri et Roschdy semblent tirer leur épingle du jeu.
2006
Mauvaise foi de Roschdy Zem
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Pour son premier film en tant que réalisateur, Roschdy s’essaie à la comédie sociale en adaptant Roméo et Juliette dans la France contemporaine avec un petit arrière-fond de conflit israélo-palestinien. Deux amants. L’un arabe, l’autre juive. Très politiquement correct, son film a pour seul mérite d’adopter un discours de tolérance à une époque où celle-ci est surplombée d’un « zéro » castrateur dans les hauteurs de certains ministères. Il devrait néanmoins rempiler à la réalisation prochainement avec un film adapté de l’affaire Omar Raddad avec Sami Bouajila.
2009
Commis d’office d’Hannelore Cayre
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Roschdy joue ici les avocats enthousiastes. Fausse promotion car le voilà recruté au cabinet du plus véreux des avocats de la cour. Et dirigé par une débutante dans ce film un peu brouillon au propos naïf, Roschdy ne fait que participer à une énième caricature de film de justice.
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