Roger et moi s’ouvre comme une saga. Par le biais d’une petite vidéo familiale, Michael Moore se tire le portrait, en même temps qu’il évoque l’Amérique clinquante et florissante des années 50, où tout est “entertainment” et consommation, une Amérique affichant ses héros, qu’ils soient chanteurs, présentateurs télé ou ouvriers de la General Motors Corporation. […]
Roger et moi s’ouvre comme une saga. Par le biais d’une petite vidéo familiale, Michael Moore se tire le portrait, en même temps qu’il évoque l’Amérique clinquante et florissante des années 50, où tout est « entertainment » et consommation, une Amérique affichant ses héros, qu’ils soient chanteurs, présentateurs télé ou ouvriers de la General Motors Corporation. C’est justement à Flint, dans le Michigan, que la mythique GMC et Michael Moore ont vu le jour. Seulement, en 1987, le Pdg Roger Smith décide d’y fermer ses usines pour les déplacer de l’autre côté de la frontière, au Mexique, ce qui lui permettra de payer ses salaires à moindres frais et de réaliser plus de profit, dans la pure logique du capitalisme. Michael Moore qui n’a, à la différence de sa famille et de ses amis, jamais travaillé pour GMC, se met alors en tête de retrouver Roger Smith pour le ramener à Flint afin qu’il constate de visu les ravages du chômage. Ainsi, pendant trois ans, il va traquer Smith sans jamais réussir à lui parler, et filmer en contrepoint la désertion de la ville, la montée en parallèle de la criminalité, les expulsions des habitants, et les tentatives grotesques des dirigeants de Flint pour redorer le blason de la ville, dépensant des fortunes pour la construction de parcs de jeux et d’hôtels censés relancer le tourisme. Le seul bâtiment qui aura une fréquentation hors pair et créera des emplois sera la prison ultramoderne, où gardiens et détenus sont d’anciens ouvriers de GMC, d’anciens collègues et amis. Moore montre avec un humour caustique la logique implacable de l’ultralibéralisme, c’est-à-dire le profit à n’importe quel prix, avec un montage démonstratif très bien rythmé. Petit bémol cependant pour cette perle noire du documentaire ; Moore s’est quelque peu arrangé avec la chronologie des événements cités, les 30 000 licenciements s’étant échelonnés sur quinze ans et non du jour au lendemain.
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