Love me montre les fantasmes d’une jeune femme qui, depuis ses falaises normandes, regarde vers l’océan pour voir ailleurs si elle y est ? elle rêve surtout d’Amérique, de néons clignotants, de clichés rock, d’une star déchue. D’un point de vue strictement cinéphile, Love me est un projet beaucoup trop vaste pour les épaules de […]
Love me montre les fantasmes d’une jeune femme qui, depuis ses falaises normandes, regarde vers l’océan pour voir ailleurs si elle y est ? elle rêve surtout d’Amérique, de néons clignotants, de clichés rock, d’une star déchue. D’un point de vue strictement cinéphile, Love me est un projet beaucoup trop vaste pour les épaules de sa réalisatrice, qui grille la mince frontière séparant l’ambition de la prétention. Love me est alambiqué à l’extrême, chargé d’afféteries scénaristiques et esthétiques, compliqué au lieu d’être complexe. Lætitia Masson ne parvient pas à faire vibrer ses plans, ne produisant que du déjà-vu, de la mise en pages, des images mortes. On pourrait s’arrêter là. Sauf que tous ceux qui ont un jour fait des rock dreams seront touchés en pleine cible par ce film raté. S’il est vrai que Love me n’est fait que de clichés et d’imagerie, il est aussi juste de noter que c’est là son sujet : rêver à partir d’un poster, se projeter dans le fulgurant mirage Presley quand on est en cale sèche dans sa province. On connaît beaucoup de vocations, de vies intérieures qui ont décollé sur de tels fétichismes, aussi grandioses que dérisoires. C’est ce processus indicible que Love me effleure. Et puis Masson réussit son coup avec Johnny. D’abord parce que Smet/Hallyday est l’incarnation suprême de ces Français fantasmant sur l’autre côté?, ensuite parce que la cinéaste a eu l’excellente idée de le présenter tel que beaucoup rêvent de le voir, chantant des standards en solo, unplugged. Johnny possède cette présence qui se suffit à elle-même. Il est là, point : c’est assez pour rendre vibrants quelques plans du film. Johnny chantant Loving you en anglais yaourt ou Johnny las au bar d’un club désert, ça résume et contient tout le projet de Masson.