Que peut-on encore raconter sur Julian Assange ? C’est là la question au coeur du documentaire « Risk » de Laura Poitras.
Laura Poitras avait dans Citizenfour filmé Edward Snowden. Risk, qui a en fait été entrepris avant le précédent, s’intéresse cette fois à Julian Assange et WikiLeaks.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Julien Assange et Lady Gaga
Et là où Citizenfour était le film d’un événement présent, d’un temps et d’un lieu isolé filmés comme le foyer sismique d’une transformation du monde, Risk est lui plutôt le film d’un émiettement de l’événement, de sa dissolution dans l’information et dans les réseaux diplomatiques – presque, en fait, le film de la dématérialisation de Julian Assange, à mesure que son existence propre s’annule (il est reclus depuis 4 ans à l’ambassade d’Équateur à Londres), le réduisant à de la chair à canon pour les juridictions du monde entier et, bien sûr, les médias – voir cette scène pathétiquement drôle où Lady Gaga vient l’interviewer à l’ambassade pour lui poser des questions comme « quel est votre plat préféré ».
Risk : le titre dit moins la menace qui plane sur Assange que l’ordre chaotique du monde pour lequel se battent les ténors de WikiLeaks, en guerre contre la coercition généralisée et la surveillance de masse. Présenté en Quinzaine, le film ébauche tout de même une légère redite du précédent, même si Poitras démontre à nouveau son grand talent de filmeuse et, surtout, de monteuse, arrivant impeccablement à doser les forces en présence, et donnant à nouveau à son documentaire l’ossature d’un grand thriller politique à la Alan Pakula.
Souhaitons-lui tout de même, afin que se dissipe le soupçon d’une sorte d’album Panini sur l’activisme geek, de retourner désormais à d’autres figures: la réalisatrice a clos ici un diptyque auquel il n’y a plus grand chose à ajouter, et dont elle n’a pas à rougir.
Risk de Laura Poitras (USA). Avec Julian Assange. Quinzaine des réalisateurs.
{"type":"Banniere-Basse"}