“Tu as lu Rimbaud ? Non, mais j’ai vu le film anglais… Et c’est quoi ? C’est “l’histoire vraie de Rimbaud et Verlaine telle qu’on ne nous l’a jamais racontée” (dixit dossier de presse), coproduite par le (clair)voyant Fonds Eurimage du Conseil de l’Europe. Alors ? Alors il faut être […]
« Tu as lu Rimbaud ?
Non, mais j’ai vu le film anglais…
Et c’est quoi ?
C’est « l’histoire vraie de Rimbaud et Verlaine telle qu’on ne nous l’a jamais racontée » (dixit dossier de presse), coproduite par le (clair)voyant Fonds Eurimage du Conseil de l’Europe.
Alors ?
Alors il faut être absolument moderne.
C’est quoi, la modernité ?
Le trou (les ellipses de Mallarmé, le trou de Monk, le mutisme d’Antonioni, l’amnésie des Français, le silence des élites, les pères absents, le trou des Halles, etc.). Rimbaud Verlaine (Total eclipse en VO), c’est une histoire de trous…
Ah bon ? »
1891 : Mademoiselle Rimbaud, en deuil (Dominique Blanc, oeil-trou larmoyant), vient voir Verlaine (David Thewlis en outre poilue). Elle veut rétablir la vérité sur son frère : c’était un bon chrétien (doigt dans l’oeil-trou).
Flash-back (trou temporel). 1871 : un garçon (Leonardo DiCaprio) échevelé, les mains dans ses poches crevées (un poète, n’est-ce pas ?), déboule à Paris. Il squatte chez Verlaine, un pote poète doux mais colérique (gouffre de l’alcool). Arthur dit qu’il faut être voyant (l’oeil-trou). Il a eu l’idée d’un poème en voyant un soldat mort (on nous le montre finement, dans un trou de verdure, deux trous au côté). Polo, subjugué par Artie, il est (abîme d’amour). Ils boivent comme des trous (de cuillère à absinthe). Pour vérifier l’amour de Polly, Art lui perce la main de son couteau. Tuture se tape ensuite un peu Popaul (bouche-trou). Mais Pollux aime bien aussi la poitrine généreuse de sa légitime (Romane Bohringer en femme-trou). Paulo et Arturo s’enfuient. Désignant les falaises de Douvres, oncle Paul articule « L’Angleterre ! » (désignant par là un trou dans le trou : l’absence de l’Eurotunnel). Un jour, les sens tout déréglés par le jeune Arthur, vieux Paul se taille (séparation-fossé). Ils se revoient à Bruxelles (littéralement Brusshole en anglais). Petit Paul, au fond du tunnel, transperce la main de cruel Arthur d’un coup de revolver (trou de balle). Méchant Paul est écroué pour sodomie (idem). Artrop-c’est-trop rejoint sa mère (une tombe) dans son trou paumé près de Charleville. Dans sa geôle belge, saint Paul est visité par un trou de lumière à travers les barreaux : Dieu. Plusieurs années plus tard, Missié Arthur quitte son bled d’Abyssinie pour rentrer en France, car il a une tumeur (oubli cellulaire) à la jambe. On l’ampute à Marseille (Bouches-du-Rhône). Il meurt (grand trou noir). Flash-forward (re-trou temporel) : Verlaine rêve que Rimbaud l’aime (fond du delirium tremens). Fin (troulalaïtou).
« Et la poésie ?
Point. Au trou, la poésie ! Perdue entre la dénonciation de la société bourgeoise répressive et la malédiction d’être poète, elle semble réservée à des pauvres hères qui méritent ce qui leur arrive. Sans jamais réussir à nous rendre sympathiques ses personnages, le film finit par dire le contraire de ce qu’il voulait sans doute condamner. A quand la « vraie vie » de Minou Drouet ? »
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