Présentation de Trafic, espace de réflexion indispensable dans notre époque pressée. Revue Fondée par Serge Daney en 1992 pour “laisser le temps à la réflexion et se servir du cinéma comme d’un outil de mémoire et de perception”, la revue trimestrielle Trafic en est aujourd’hui à son treizième numéro. Espace de débats et de documents […]
Présentation de Trafic, espace de réflexion indispensable dans notre époque pressée.
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Revue Fondée par Serge Daney en 1992 pour « laisser le temps à la réflexion et se servir du cinéma comme d’un outil de mémoire et de perception », la revue trimestrielle Trafic en est aujourd’hui à son treizième numéro. Espace de débats et de documents ouvert aux critiques, aux cinéastes et aux écrivains, Trafic, avec sa maquette élégante et austère, son regard décalé et rigoureux sur l’actualité et l’histoire du cinéma, semble avoir trouvé sa place dans le paysage éclaté des publications cinématographiques. Le choix affiché du dépouillement, résolument opposé à l’évolution spectaculaire de la presse, pourrait en rebuter quelques-uns. Certains textes car il s’agit bien de textes et non de simples articles sont tellement ardus et jargonnants qu’on a du mal à suivre leurs auteurs. On ne comprend pas, par exemple, tout ce que dit Raymond Bellour dans son texte consacré aux rapports entre cinéma et peinture ; on peut parfois trouver forcées certaines interprétations de Pascal Bonitzer dans son très brillant article sur Pulp fiction et le cinéma de « distraction ». Mais à refuser Trafic, on se priverait d’un double plaisir : la découverte d’auteurs absolument méconnus et un vrai travail de fond sur l’histoire aussi bien officielle que parallèle du cinéma. Outre la passionnante correspondance entre Jonathan Rosenbaum et Bill Krohn à propos de It’s all true (en photo) et des inédits de Welles, ce numéro consacre plusieurs textes à l’oeuvre cinématographique très en marge de Jean-Daniel Pollet autour de son film Méditerranée. Le dossier est ici impeccable : une étude complète du cinéma de Pollet, sa méthode, son cheminement singulier, par Jean-Paul Fargier ; la « ponctuation de parole » de Sollers, qui accompagne Méditerranée ; et surtout le texte très bref et très incisif que le poète Francis Ponge consacrait au film en 1964. Cette préoccupation pour un cinéma marginal est tout à l’honneur de Trafic. De son côté, Mathieu Riboulet mène depuis plusieurs années une expérience de création cinématographique quasi communautaire (ou tout du moins entre amis) à partir du support vidéo. Il nous livre le texte le plus passionnant du recueil où l’on découvre quelques petites choses plutôt saines : le cinéma ne coûte pas si cher si on le pratique avec rigueur et modestie, l’amitié aide souvent à réaliser les projets les plus fous, on peut réaliser de vrais films avec la vidéo. A Riboulet le mot de la fin : « Sachant pertinemment que dans une organisation sociale à la violence grandissante, personne ne nous attendait, nous avons pensé qu’il en allait du cinéma comme de la vie, qu’il ne serait pas autre chose que ce qu’on déciderait d’en faire, seuls, en toute liberté. »
Trafic n°13, POL
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