Un groupe d’ados guatémaltèques tente de forcer la frontière mexicano-américaine. Romanesque et fort.
Ce premier long métrage impressionne à partir d’un sujet bateau de film de festival : l’immigration clandestine à la frontière américano-mexicaine. Petit air ici de déjà vu d’ailleurs, avec ces nuées de migrants accrochées à des trains puisque c’était le pitch de Sin Nombre, gros succès à Sundance en 2009.
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Rêves d’or en serait la déclinaison un peu moins chichiteuse, alliant dans un même élan forces documentaire et romanesque. Ne pas se fier aux premières minutes, où le film patine dans les préparatifs de départ des personnages – quatre ados guatémaltèques, dont une jeune fille et un Indien ne parlant pas un mot d’espagnol.
Le réalisateur Diego Quemada-Díez, au CV de caméraman agréablement varié (de Ken Loach à Tony Scott), a casté des non-professionnels, fait ses recherches et son job de cinéaste du réel. Mais il tire les détails (le kit de survie du migrant, les attaques de gangs, la géographie) vers une belle ampleur de western, de film de convoi, en sachant gérer les cadres et les nombreux figurants – voir la scène de rafle par les policiers, passés de rôles de cow-boys à celui d’Indiens. Encore une fois, les scènes sur rails sont belles, comme si le film scrutait une veine dedans et dehors, attentive aux vies qui y coulent.
Le romanesque se niche aussi chez les idylles d’ados, avec l’esquisse pudique d’un triangle amoureux, mais jamais forcé par le naturel des comédiens. Le gimmick du jeune Indien incompréhensible (et non sous-titré) donne, lui, des accents mythologiques, à mesure que le western se transforme en odyssée et les Etats-Unis en contrée irréelle, lunaire.
Vu les faits, on ne déflore rien en écrivant qu’ils partirent quatre mais se virent moins nombreux en arrivant au port. Mais la force du film, c’est bien cette façon dont docu et romanesque se nourrissent et se déjouent l’un l’autre, sans misérabilisme, dans une même résignation inscrite dans leur regard : celle d’avancer, de faire table rase et de rêver d’ailleurs malgré tout.
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