Du 30 août au 8 octobre, la cinémathèque reprend la rétrospective Jacques Tourneur présentée il y a quelques semaines par le festival de Locarno. L’occasion de glisser quelques petites idées sur le cinéaste fanco-hollywoodien. Regardez cette séquence (elle est ultra-célèbre) : Un code du genre d’horreur Qu’avez-vous vu ? Une jeune femme suivie par une […]
Du 30 août au 8 octobre, la cinémathèque reprend la rétrospective Jacques Tourneur présentée il y a quelques semaines par le festival de Locarno. L’occasion de glisser quelques petites idées sur le cinéaste fanco-hollywoodien.
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Regardez cette séquence (elle est ultra-célèbre) :
Un code du genre d’horreur
Qu’avez-vous vu ? Une jeune femme suivie par une jeune femme dans les rues noires d’une ville. Quelque chose gronde dans la nuit, la première femme commence à avoir peur. Le temps dure, la tension monte. Et puis surtout un cri qui se révèle être un freinage brusque : un autobus pile à son arrêt. Retour au réel : le chauffeur à l’accent populaire bouscule la jeune femme pour qu’elle se dépêche de monter…
Dans cette scène, tirée de La Féline, l’un de ses chefs-d’œuvre, Jacques Tourneur utilise pour la première fois un effet que le cinéma d’horreur usera comme de l’un des codes du genre, jusqu’à en devenir l’un des clichés, voire un gag obligé : un effet de surprise appelé en français « effet-bus » qu’on pourrait aussi appeler « le coup du chat ». Un personnage, poursuivie par un tueur psychopathe, entend soudain un bruit derrière lui, mais ce n’était qu’un chat…
Voilà pour l’histoire du cinéma. Le Français Jacques Tourneur (1904-1977) invente l’effet-bus dans La Féline, tourné en 1942 au sein de la RKO, petite compagnie cinématographique où il a été embauché par le producteur Val Lewton pour tourner des petits films horrifiques. C’est là que naîtront deux autres chefs-d’œuvre de Jacques Tourneur, L ’Homme léopard et Vaudou.
Limiter à ces trois films l’œuvre de Tourneur, qui en a tourné près de 35, sans compter ses premiers courts-métrages et ses dernières séries télévisées, est impossible. Il réalise aussi d’autres films importants, un polar avec Robert Mitchum intitulé Pendez-les haut et court (ou Les Griffes de la nuit), Stars of my Crown, un western renoirien, un film de pirates, La Flibustière des Antilles, ou encore La flèche et le Flambeau, avec Burt Lancaster, film de cape et d’épée aux accents fantastiques. Et bien d’autres que la rétrospective permettra de découvrir. Beaucoup de films de commande où il imprime sa patte au détour d’une mise en scène volontiers invisible, qui cache des trésors de poésie au sein de la convention hollywoodienne.
Réalité ou fantasme ?
Mais, au-delà de l’invention d’un procédé formel (dont il ne peut imaginer qu’il deviendra un jour une recette reconnue et abodamment copiée), tout est là de l’esprit assez secret de Tourneur : suggérer, montrer le moins possible, faire monter la peur, la ramener brutalement et avec un brin d’humour à la sinistre réalité (toujours plus horrible que n’importe quelle fiction). Car qu’est-ce qui est vrai ?
De quoi a peur la jeune femme ? N’a-t-elle pas fantasmé un monstre qui n’existe pas ? Existe-t-il ou non ? Pourquoi le fantasme-t-elle ? Quel lien avec ses désirs enfouis ?
Regardez maintenant cette seconde scène, tout aussi célèbre que la première, et qui demanda à Tourneur, malgré des moyens assez limités, plusieurs jours de tournage et une extrême application dans la prise de son et évidemment des éclairages :
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