La rétrospective fleuve consacrée à la série B américaine entre dans sa dernière ligne droite, mais on a un bon mois pour refaire son retard, revoir les classiques de ce genre qui n’en est pas un puisqu’il les recouvre tous (polar, horreur, SF, guerre, aventures, mélo) et découvrir des pépites oubliées. Côté classiques, on a […]
La rétrospective fleuve consacrée à la série B américaine entre dans sa dernière ligne droite, mais on a un bon mois pour refaire son retard, revoir les classiques de ce genre qui n’en est pas un puisqu’il les recouvre tous (polar, horreur, SF, guerre, aventures, mélo) et découvrir des pépites oubliées. Côté classiques, on a le choix entre la célèbre Mouche noire de Kurt Neumann, plus poétique que son remake par Cronenberg ; l’envoûtant Chat noir d’Edgar G. Ulmer, bizarrerie Arts Déco avec les stars Bela Lugosi et Boris Karloff ; le poussif mais charmant La Main de la momie de Christy Cabanne, etc. On n’oubliera bien sûr pas le grand manitou Jacques Tourneur ni les piliers de la série B :
l’inégal et génial Ulmer et Joseph H. Lewis (cf. le magnifique My Name is Julia Ross). Parmi les pépites et raretés, on retiendra le scotchant Ange noir de Roy William Neill, film noir exemplaire, le bref mais dense Assassin sans visage du mésestimé Richard Fleischer, et L’Enfer vert, un pré-Indiana Jones du créateur de Frankenstein, James Whale. Cette rétrospective est aussi l’occasion de donner un coup de projecteur sur un cinéaste archétypique de la série B qu’on a eu tort de négliger : William
Castle, acteur-producteur-scénariste-réalisateur. Né William Schloss en 1914, le producteur du célèbre Rosemary’s baby, après des débuts dans le mélo et le film noir, après une flopée d’œuvres exotiques et de westerns, fut pratiquement l’inventeur du shocker (thriller horrifique) avec Macabre, dont l’idée naquit de la vision des Diaboliques de Clouzot. Entrepreneur de spectacle avant tout, Castle renouait avec les origines foraines du cinéma en employant toutes sortes de gimmicks (bien sûr absents à la Cinémathèque) : fauteuils vibrants, squelette planant au-dessus du public, contrats d’assurances proposés aux spectateurs morts de trouille. Mais ce grand petit maître de l’horreur n’était pas un guignol de l’angoisse, un ringard à la Ed Wood. C’est l’auteur de quelques très belles horreurs comme Homicidal ou La Nuit de tous les mystères (projetés en juillet), avec le suave Vincent Price qu’on retrouvera en août dans le surprenant Désosseur de cadavres, ou La Meurtrière diabolique, œuvre chérie du cinéaste, avec la sévère Joan Crawford. Sans parler de L’Etrange mariage, film noir jouissant d’une intense réputation. Pour se faire une idée du retentissement souterrain de l’œuvre de Castle, il suffit de rappeler le nostalgique et amusant Panique sur Florida Beach (1993) du cinéphile Joe Dante, qui s’inspirait largement de la vie du réalisateur, ou de remarquer dans Seul contre tous de Gaspar Noé, le bluff du compte à rebours « Vous avez vingt secondes pour quitter la salle… » calqué sur celui d’Homicidal. Il faudra reparler de Castle, monument oublié de la série B.
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