Les retrouvailles à Cuba d’une bande de quinquas revenus de leurs idéaux. Cantet évite l’écueil du film de vieux potes et éclaire son récit d’une lumière particulière.
Parcours singulier que celui de Laurent Cantet. Bien que l’un des rares Français palmé d’or (Entre les murs, 2008), il poursuit une carrière relativement discrète depuis son triomphe cannois. En 2012, il a notamment connu un injuste échec avec l’excellent Foxfire. Le revoilà avec le lo-fi Retour à Ithaque, coécrit avec le romancier et dramaturge cubain Leonardo Padura et tourné sur un toit-terrasse de La Havane avec des comédiens du cru.
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Cette escapade cubaine décline les préoccupations de ses précédents films : portrait de groupe (Les Sanguinaires en 1997, Foxfire…), huis clos ouvert (Les Sanguinaires, Entre les murs…), humus politico-social (Ressources humaines en 2000, Vers le sud en 2005…). Retour à Ithaque décrit les retrouvailles d’une poignée de quinquas à l’occasion du retour de l’un d’eux après seize ans d’exil en Espagne. Les vieux amis se remémorent leurs belles années, leurs préférences Stones ou Beatles, puis, nuit venant et rhum aidant, l’évocation du passé se creuse, déclenchant des giclées d’amertume. Ruptures et blessures sur fond de dictature castriste s’ouvrent à nouveau, en un violent retour du refoulé.
Cantet et Padura n’évitent pas tous les vieux pots du “film de vieux potes” : spleen de la jeunesse enfuie, conflit entre idéaux et réalité, échecs des rêves de cette génération des années 60/70… Malgré cet aspect éventé du bilan générationnel, Retour à Ithaque embarque par la qualité de ses comédiens, et par le suspense autour du nœud central (dé)structurant la bande.
D’abord latent, opaque à la plupart des protagonistes, ce secret s’effeuille dans la dernière partie, révélant autre chose que ce que l’on croyait, projetant in fine une autre lumière sur les personnages. Ajoutons que l’atmosphère, les sons et la skyline de La Havane contribuent autant au charme “exotique” du film qu’à son élargissement universel.
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