L’hebdo Le Film français publie sa traditionnelle étude des films les plus rentables de l’année. Comme en réponse à une année 2014 dominée par les blockbusters à la française, les films d’auteurs français triomphent, avec en tête La Loi du marché de Stéphane Brizé.
Le Film français vient de publier son traditionnel classement dans lequel il recense les films les plus rentables de l’année 2015. L’étude calcule le taux de rentabilité d’un film en prenant en compte le budget par rapport aux nombre d’entrées réalisé lors de son exploitation nationale. Pour résumer, si le film atteint 25 % à 30 % de taux de rentabilité on estime que le film effectue une performance correcte.
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Alors que 2014 s’annonçait comme l’année record du cinéma français et surtout de la comédie populaire, grâce au succès phénoménal de Qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, qui avec un taux de 300 % pour un budget de 12,7 millions d’euros, devenait le film français le plus rentable de l’année 2014, suivi en deuxième position de La Famille Bélier (7,55 millions d’euros), l’année 2015 sera quant à elle marquée par une belle revanche du cinéma d’auteur à petit budget puisque c’est La Loi du marché de Stéphane Brizé qui obtient la première place du classement avec un taux de rentabilité de près de 200 % (soit deux fois plus rentable que son coût) pour un film au petit budget de 1,7 million.
En deuxième position, on retrouve le documentaire écolo de Cyril Dion et Mélanie Laurent Demain – docu militant dont la communication gonflée d’optimisme aura su trouver son public (622 026 entrées). Le film bénéficie d’un taux rentabilité de 155 % pour le modique budget de 1,26 million. Le génial Mustang, premier long de la réalisatrice franco-turque Deniz Gamze Ergüven, qui a récemment était auréolé du prix du meilleur film lors du festival des Lumières, se hisse à la troisième place du podium. Un très beau score pour ce premier film prometteur, qui atteint un taux de rentabilité de 134 % pour le budget, très limité, de 1,30 millions.
Pour compléter cette belle cuvée, Much Loved – parcours de quatre prostituées marocaines – réalise une belle performance. Le film a attiré dans les salles françaises 273 265 spectateurs. Un score honorable pour un petit film au casting inconnu. Much Loved devient le 4e film le plus rentable de l’année 2015 avec un taux de rentabilité de 130%.
Le premier jet de ce classement, marqué par des films d’auteurs aux budgets peu onéreux, est ensuite suivi d’une horde de comédies populaires. La franchise Babysitting 2 arrive à la 5e place et atteint les 100 % de rentabilité pour un budget de près de 10 millions d’euros. Le film a rassemblé près de 3 millions de spectateurs. Babysitting 2 est le dernier film rentable du classement (pour une exploitation en salles françaises) puisque les suivants basculent sous la barre des 100%.
Si ce classement met en avant les films les plus rentables de l’année 2015, la rentabilité d’un film ne se mesure pas seulement à ces données, puisque ici le classement prend seulement en compte le nombre d’entrées. La vie du film continue après son exploitation en salle : diffusions télévisuelles, ventes internationales ou éditions DVD…
En sixième position on retrouve la série à sketch adapté sur grand écran Connasse, princesse des cœurs suivie de Les Nouvelles Aventures d’Aladin, Papa ou maman ou encore Les Profs 2 – des comédies qui établissent de bons scores et dont la rentabilité se situe entre 94% pour Connasse à 64% pour les Profs.
Le premier film signé Jamel Debouze Pourquoi j’ai pas mangé mon père est très bas dans le classement et peine à atteindre la 50e place. Un échec probant pour un film qui, paradoxalement aura su attirer plus de deux millions de spectateurs, mais dont le budget est tel (40 millions d’euros), qu’il atteint tout juste un taux de rentabilité de 19 %.
Côté film d’auteur, on assiste également à quelques ratages pour des films plus “commerciaux”. Le palmé Dheepan (37e) et Mon roi (41e) ne sont pas de si bonnes affaires : des films chers et peu rentables, près de 8 millions pour le film de Jacques Audiard et un faible taux de 26 %, plaçant le film à la limite de l’honorable (rappel : on considère qu’un film effectue une performance correcte à partir de 25 % de rentabilité). Le film de Maïwenn quant à lui n’atteint pas cette moyenne, et obtient un taux de près de 24 %.
Si ce classement inspire une belle réponse à 2014, gouvernée par des comédies populaires à très gros budget, il aura su marquer le comble de l’ironie pour le film de Stéphane Brizé, La Loi du marché qui dénonçait les rouages d’un système libéral et brutal et qui se retrouve à ce jour maître du marché cinéma, auréolé du titre du film le plus rentable de l’année 2015.
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